Vietnam

du 03/01/2011 au 19/02/2011

Trajet

Récit

Pas certains de pouvoir entrer au Vietnam avec notre camping-car (nous n'avons eu aucun témoignage de voyageurs indépendants et motorisés ayant pu rentrer depuis 1 an 1/2), nous avons pris la décision de passer à vélo. Cela faisait longtemps que nous voulions faire un périple à bicyclette, nous ne sommes donc pas déçus, bien au contraire, de ne pas voyager avec notre véhicule habituel qui reste à Phnom Penh (Cambodge). En prévision de ce périple, Jean avait acheté quelques accessoires en Thaïlande et en Australie : pneus, compteur, gants, patins de freins, rétroviseurs, etc... Les vélos que nous utilisons sont des vtt ordinaires. Ils ont un peu souffert durant les 20 premiers mois du voyage et quelques cliquetis dus à la rouille et au sable devraient nous accompagner tout au long des prochains kilomètres. Nous avons chacun 2 sacoches à l'arrière; Jean porte 11 kg (+ quelques litres d'eau), moi, 9. Nous emportons le minimum, quelques vêtements, chauds pour le sud et froids pour le nord du pays, quelques outils, un petit ordinateur, un appareil photo compact et notre GPS. Nous n'emmenons aucun matériel de camping car il semble qu'il ne soit pas très facile de planter sa tente au Vietnam.

sur le Mékong, en bateau express (Phnom Penh - Chau Doc)

Pour la première étape, nous embarquons avec nos vélos, à bord d'un bateau express, depuis Phnom Penh (Cambodge) jusqu'à Chau Doc. Nous passons la frontière sur le Mékong. Pas besoin de douane pour savoir que nous avons changé de pays; alors que, côté Cambodge, il n'y a pratiquement aucune activité, au Vietnam, les berges sont très habitées et une multitude de bateaux naviguent ou draguent le sable. C'est également une ville effervescente que nous découvrons en débarquant, de nuit, à Chau Doc. Alors, qu'habituellement, nous cherchons une place pour nous garer avec notre camping-car, ce soir, nous devons trouver un hôtel. Nous sommes évidemment un peu perdus de nuit, dans cette ville quelque peu chaotique mais heureusement, les habitants nous aident à nous diriger et nous ne mettons pas longtemps à trouver un logement, en plein coeur de la ville.

marché de Chau Doc

Nous décidons de rester une journée à Chau Doc. Nous avons besoin d'un peu de temps pour nous préparer car, si nous savons, à peu près, l'itinéraire que nous allons emprunter, nous n'avons aucune carte et nous avons besoin de nous familiariser un peu avec le pays. Le matin, nous nous réveillons alors que le marché bat déjà son plein juste sous nos fenêtres. Nous passons une grande partie de la journée à nous balader dans la ville. L'atmosphère est très différente de celle des autres pays d'Asie du Sud-est que nous avons visités avant. Il y règne une grande activité qui nous rappelle un peu la Chine. Les gens sont très souriants et accueillants; une bonne surprise pour nous car nous avions entendu dire tellement de choses négatives sur le Vietnam et les Vietnamiens que nous étions un peu sur la défensive.

zen attitude en cyclo-pousse (Chau Doc)

ça les faire rire! (Chau Doc)

1^ère étape à vélo : Chau Doc - Long Xuyen 62 km sans dénivelé; route en bon état

à vélo (de Chau Doc à Long Xuyen)

Les choses sérieuses commencent le 3^ème jour. A 8h00 du matin, c'est sur le vélo que nous reprenons la route. Nous longeons les canaux du Mékong et ses maisons flottantes par une route en bon état. En début d'après midi, nous arrivons à Long Xuyen, une des plus grandes villes du delta du Mékong. Ne sachant pas si nous allons trouver un hébergement plus tard, nous décidons d'y rester pour la nuit. Nous choisissons un hôtel en périphérie et évitons de faire un détour jusqu'au centre de la ville. Chic, l'hôtel dispose d'un spa et on peut s'y faire masser. Après 62 km de vélo, on peut bien se faire réconforter, non? Cependant, les masseuses sont plutôt des "hôtesses" et le massage n'est pas vraiment leur spécialité. Oups!

maisons de pêcheurs sur le Mékong (de Chau Doc à Long Xuyen)

2^ème étape à vélo : Long Xuyen - Can Tho 62 km sans dénivelé - revêtement pas toujours très bon

de Long Xuyen à Can Tho

Ce deuxième jour à vélo, la route est presque identique à celle d'hier. Encore une fois, le parcours très roulant nous permet d'arriver tôt, vers midi, à l'étape de Can Tho. Après avoir trouvé un hôtel et pris notre déjeuner, nous réservons une croisière sur le Mékong pour aller voir, le lendemain, les marchés flottants. Nous sommes maintenant à l'aise dans la circulation qui, vue de l'extérieur, peut paraître très dangereuse mais qui, à vélo, est assez facile. Il suffit de suivre le flot des motos et scooters, de ne pas trop serrer à droite pour laisser passer les motos qui remontent à contresens et de toujours garder une main sur le frein pour pouvoir laisser passer quelqu'un qui coupe la route ou décide de tourner devant vous! Celui qui arrive par derrière doit toujours anticiper. Les chauffeurs klaxonnent sans arrêt; ce n'est pas très reposant mais c'est très utile pour nous avertir d'un dépassement. Heureusement, nous avions fait notre apprentissage de cet étrange code de la route dans les autres pays d'Asie du Sud-est. Nous avons de la chance car, pour l'instant, il y a peu de voitures et de camions, les automobilistes roulent doucement et, en plus, une voie est réservée aux 2 roues.

le delta du Mékong (Can Tho)

Les marchés flottants de Cai Rang et de Phong Dien, près de Can Tho, sont des marchés de gros. Des bateaux en bois transvasent leur marchandise de fruits et légumes dans les petites barques des négociants. Pour y assister, nous nous levons tôt; à 5h30, on embarque sur un bateau à rames et à moteur dirigé par une petite bonne femme. On remonte d'abord le cours du Mékong puis on longe les vergers par les canaux creusés par centaines dans les environs. La région vit essentiellement de la culture des fruits et légumes : bananes, ananas, durian, choux, tomates, haricots... on trouve de tout. Le parcours dans les canaux est splendide.

marché flottant de Cai Rang

sur les canaux du Mékong (Can Tho)

3^ème étape à vélo : Can Tho - Vinh Long 47 km sans dénivelé; route 2x2 voies en très bon état

sous le regard d'Ho Chi Minh (Can Tho)

Après la balade en bateau, nous reprenons la route. Il est midi et contrairement aux 2 jours précédents le temps est clair et le soleil brille. Nous sommes partis pour améliorer notre bronzage cycliste et pour transpirer. D'autant que, dès les premiers kilomètres, nous avons un col à gravir : un pont suspendu avec 2 belles bosses! Le reste de la route est plat; la route est en parfait état et en peu de temps, nous sommes déjà arrivés à Vinh Long. Les villes du delta se ressemblent un peu toutes. La principale attraction est le marché de fruits et légumes haut en couleur. Si nous aimons l'atmosphère de ces villes, la répétition est un peu monotone.

pont suspendu japonais (de Can Tho à Vinh Long)

4^ème étape à vélo : Vinh Long - My Tho 73 km sans dénivelé - ferry pour rejoindre l'Ile An Binh puis 50 km sur une petite route en bon état, pour finir par une 2X2 voies; circulation peu dense

attente du bac pour An Binh

île An Binh

église chrétienne (île An Binh)

Pour quitter les grands axes, nous décidons, le lendemain, de rejoindre l'île An Binh. La carte routière que nous avons achetée à Chau Doc en arrivant au Vietnam n'est pas très précise, heureusement que nous pouvons compter sur les indications que nous donnent les gens que nous interrogeons. Sans eux, difficile de trouver le ferry qu'il faut prendre pour traverser le Mékong et rejoindre l'île, à une quinzaine de kilomètres de Vinh Long. Le parcours, sur l'île, au milieu des pépinières de bonsaïs et de plantes fleuries, est certainement le plus agréable que nous ayons fait. Durant 50 km, la route est plus champêtre, avec peu de circulation. Nous y croisons, comme partout dans le delta, des églises. Curieusement, les chrétiens sont peu nombreux au Vietnam et pourtant, les églises sont beaucoup plus nombreuses ou beaucoup plus visibles et en bien meilleur état que les temples bouddhistes.

pépinières (île An Binh)

Les 20 derniers kilomètres pour rejoindre My Tho se font de nouveau par une 2X2 voies sans grand intérêt. Nous arrivons, encore une fois, vers midi à My Tho; repos et balade dans la ville au programme de l'après midi. Demain, nous avons une plus grosse étape et surtout, nous arrivons à Ho Chi Minh Ville (ou Saigon), la ville la plus importante du Vietnam avec plus de 6 millions d'habitants. Nous ne savons pas bien comment cela va se passer. Entrer dans une si grande ville en camping-car est, pour nous, toujours une épreuve. Le faire en vélo risque d'en être une autre. Si l'on se perd, on risque de faire des kilomètres pour rien...

5^ème étape à vélo : My Tho - Ho Chi Minh Ville (Saigon) 74 km sans dénivelé par une grande route avec une circulation dense

de My Tho à Ho Chi Minh Ville (Saigon)

Près de 70 km nous séparent de Saigon, des kilomètres de petites villes industrielles constituant la grande banlieue de Saigon. Le parcours est très roulant et, la tête dans le guidon, nous regardons à peine le paysage. Même si je termine le dernier kilomètre à côté du vélo à cause d'une crevaison, l'entrée dans la ville se passe très bien grâce à notre GPS qui nous emmène directement dans le centre. La circulation, dans la ville, est un peu plus difficile qu'ailleurs. Elle est plus dense et les motocyclistes sont un peu plus imprudents. Nous devons être plus vigilants.

palais de la Réunification (Saigon)

cathédrale Notre-Dame (Saigon)

Séjourner à Saigon signifie rencontrer des touristes occidentaux par centaines et fréquenter les hôtels et les restaurants pour ces mêmes touristes. Ce n'est pas dans une ville aussi cosmopolite que l'on découvre le Vietnam, néanmoins les anciens bâtiments coloniaux français ainsi que les vieilles pagodes chinoises ont un charme non négligeable et la ville constitue, pour nous, une bonne halte après 5 jours à vélo.

pagode de l'empereur de Jade (Saigon)

Pour quitter Saigon et rejoindre la station balnéaire de Mui Ne, nous prenons un bus. Nous ne regrettons pas notre choix car pendant plus de 150 km, nous voyons défiler les zones urbaines et industrielles du nord-est de Saigon. Arrivés à Mui Ne, nous sommes un peu déçus par la plage qu'on nous annonçait si belle et nous avons beaucoup de peine à trouver un hôtel séduisant. Mais la déception n'est rien face à l'angoisse qui nous assaille lorsque nous nous apercevons, une fois installés dans notre chambre, que nous avons oublié, dans le bus, le sac à dos contenant notre ordinateur. Après maints aller-retours pour trouver une chambre, nous repartons à l'arrêt du bus et, oh miracle, le chauffeur contacté par un employé de la compagnie nous confirme qu'il vient de trouver notre sac. Le bus étant reparti vers Saigon, nous le récupérons le lendemain. Pas surs que nous aurions retrouvé notre sac dans un bus français! Pour ceux qui pensent que les touristes sont des proies faciles au Vietnam, voilà une bonne leçon (mais peut-être sommes-nous un peu chanceux.)

dunes de sable rouge (Mui Ne)

port de pêche (Mui Ne)

Finalement Mui Ne n'est pas si mal et l'hôtel, situé sur la plage, plutôt agréable. Afin de nous soigner d'un bon rhume, nous décidons d'y rester 3 nuits. Mais que fait-on à Mui Ne en dehors de la baignade? On prend son vélo et on rejoint les dunes de sable, mini désert, en bord de mer (mini surtout parce que les bulldozers l'ont largement creusé) ou l'on se perd dans les ruelles défoncées du village de pêcheurs qu'est resté Mui Ne, à l'écart des hôtels.

passager clandestin (Mui Ne)

collégiennes (Mui Ne)

invitation chez l'habitant (Mui Ne)

6^ème étape à vélo : Mui Ne - Vinh Hao 101 km le long du littoral par de petites routes et des chemins de terre; fort de vent de face

Entre Mui Ne et Vinh Hao, on fait une superbe étape de plus de 100 km, épuisante mais belle. On longe un bon moment le littoral en essayant de trouver la petite route allant jusqu'à Phan Ri. On s'égare dans un petit village de pêcheurs où on a fait 3 km pour rien. C'est sympathique quand même car les gens essayent de nous aider à trouver notre route. D'ailleurs, on passe la journée à demander notre chemin et on est toujours bien renseignés. La petite route que l'on cherche est un chemin de terre qui dure pendant environ 25 km ; pour le trouver, nous prenons la direction des dunes de sable blanc. C'est splendide. Avant de récupérer une petite route bien agréable qui mène jusqu'à Lien Huong, nous dégustons un délicieux Pho Bo (nouilles de riz) dans un café de village. On n'y sert que des boissons mais la propriétaire, adorable, nous demande ce que nous voulons manger et va nous le chercher. C'est délicieux mais on a tellement faim qu'on mangerait n'importe quoi, ou presque! Il est maintenant 15h30 lorsque nous arrivons dans la petite ville de Lien Huong et on n'a pas envie de s'arrêter là. A cause du fort vent de face subit toute la journée, on sait maintenant qu'on n'atteindra pas Ca Na, le but qu'on s'était fixé. C'est sans doute une erreur de s'engager alors sur la route nationale 1 sans savoir si nous allons y trouver un hôtel. La chance nous sourit pourtant et après avoir traversé Vinh Hao on trouve ce qu'on ne pensait pas découvrir ici : un bel hôtel et la meilleure chambre que nous ayons eue au Vietnam jusqu'à présent. C'est inespéré!

dunes de sable blanc (de Mui Ne à Vinh Hao)

rivière asséchée (de Mui Ne à Vinh Hao)

on cherche la route de Ca Na

7^ème étape à vélo : Vinh Hao - Phan Rang 62 km par la route nationale 1; fort de vent de face

en route vers la tour cham de Po Ro Me

Le jour suivant, la route est bien moins intéressante que la veille. On reprend la RN1 avec un vent de face énorme, presque tempétueux. C'est épuisant! Bien calée dans la roue de Jean, je subis pourtant moins le vent que lui. Pour ajouter de l'intérêt à la journée, nous décidons de faire un détour jusqu'à Po Ro Me pour y voir une tour Cham. Le chemin vaut le détour mais pas la tour qui est entourée d'échafaudages. Ça nous distrait pourtant avant d'atteindre Phan Rang où nous devons nous reposer avant d'attaquer, demain, la montée vers Dalat.

marchande des 4 saisons (Phan Rang)

l'omniprésent Ho Chi Minh (Phan Rang)

8^ème étape à vélo : Phan Rang - Dran 75 km; bonne route avec un fort vent de face puis ascension du col Ngoam Muc par une route défoncée ; dénivelé : 1000 m

L'étape d'aujourd'hui est un peu compliquée. Nous voulons aller à Dalat, mais il y a environ 120 km, 1500 m de dénivelé et le vent aussi fort que la veille. Mathématiquement c'est faisable pour Jean mais impossible pour moi. On a donc 3 solutions : parvenir à faire les 120 km, trouver un hôtel en cours de route ou prendre un taxi ou un bus pour terminer. Jusqu'à Tam Son, nous subissons le vent mais la route est plane et le revêtement en bon état. On a encore quelque espoir d'arriver en haut, mais lorsque la route se dégrade puis que l'on attaque la côte complètement défoncée, je sais que nous ne verrons pas Dalat ce soir. Après 10 km de montée, nous rencontrons un couple d'Allemands qui voyagent, lui, en vélo couché et elle, en vtt. Ils sont pour plusieurs mois en Asie mais ils ont monté Dalat en bus ; pas fous eux ! Ils nous rassurent en nous disant qu'à environ 15 km, nous pouvons certainement trouver un hôtel. Et c'est ce qui se passe. Après avoir passé le col Ngoam Muc (980 m), on continue de monter vers 1020 m puis on atteint un plateau où se trouve Dran, un village de montagne avec un hôtel. La chambre n'est pas aussi bien que celles des jours précédents mais on va s'en contenter car très franchement, moi, j'en ai assez pour aujourd'hui!

de Phan Rang à Dran

l'ascension du col de Ngoam Muc

rencontre avec des voyageurs (col de Ngoam Muc)

9^ème étape à vélo : Dran - Dalat 43 km dont 8 km de montée jusqu'à 1600 m; dénivelé : 600 m

la montée de Dran à Dalat

Il n'est pas facile de trouver un endroit pour déjeuner ce matin quand on veut manger autre chose que des nouilles de riz et pourtant, nous avons besoin de prendre des forces. Heureusement, comme s'est déjà arrivé plusieurs fois, nous nous installons à un café et la serveuse va chercher de quoi nous préparer des oeufs au plat. Quand on vous dit que les Vietnamiens sont sympas! Avant de partir, Jean répare son pneu crevé la veille; on ne sait jamais, ça peut servir. La route est à peine meilleure qu'hier, asphaltée mais pleine d'ornières et la pente est forte. Nous montons à 1600 m en 8 km. Une fois en haut, ça descend puis ça ne fait plus que remonter et redescendre. J'en peux plus! On fait une petite halte bienvenue à la pagode Linh Phuoc, un temple assez kitch, tout près de Dalat. Les derniers kilomètres pour arriver à Dalat sont heureusement en descente. Le charme de Dalat, dû à ses nombreuses maisons coloniales françaises, n'est pas évident tant le développement, à la vietnamienne, a pris le dessus. Dalat est maintenant une grande ville d'altitude qui ressemble aux autres villes du Vietnam. C'est pour cette raison et aussi parce que nous sommes à 1500 m d'altitude et qu'il y fait froid, que nous n'y passons qu'une nuit.

pagode de Chua Linh Phuoc (Dalat)

10^ème étape à vélo : Dalat - Phu Son 64 km par une route, souvent défoncée, d'abord descendante, puis succession de bosses

Encore une fois, notre préoccupation de la journée est de trouver un hôtel à mi-chemin de Dalat et Lak. Une hôtelière nous avait dit, la veille, qu'à Phu Som, à une soixantaine de kilomètres de Dalat, nous trouverions un hôtel mais un motard vietnamien croisé dans la matinée nous dit le contraire. On verra bien! Nous ne prenons pas la route principale mais celle passant par Nam Ban. La route est descendante pendant environ 25 km, très jolie avec les plantations de fleurs. A partir de Nam Ban, on prend une petite route complètement défoncée mais avec de beaux paysages. Il n'y a pas grand monde. Quand on rejoint la route 27, plus importante, c'est là que l'on commence à grimper. Arrivés à Phu Son, nous découvrons un minuscule village et pas d'hôtel. Zut alors! Mais, par chance, la propriétaire où nous nous arrêtons pour déjeuner parle anglais et nous en indique un à moins de 10 km. Ce qu'on ne se doute pas c'est que pour y arriver, nous avons une montée très ardue de 8 km jusqu'à 1323 m. En plus, en arrivant au col, Jean passe tout droit devant l'hôtel; quand il comprend que je ne le suis plus, il est déjà à 1 kilomètre; il doit remonter. Jusqu'à présent, les hôtels que nous avons fréquentés au Vietnam étaient très confortables et bien équipés : eau chaude, air conditionné, wifi, frigo, TV et ils étaient peu chers, entre 8 et 15 €. Celui-ci est sommaire et un peu cher, c'est une sorte de relais pour routiers; la salle de bain est à l'extérieur et il n`y a pas d'eau chaude. On tente de faire baisser le prix de cette chambre en menaçant de repartir. Heureusement que l'hôtelier accepte car sinon, je ne sais pas où nous irons dormir. Il n'y a rien à des dizaines de kilomètres!

de Dalat à Phu Son

11^ème étape à vélo : Phu Son - Lak 100 km par une route quelquefois en bon état et quelquefois défoncée. Profil descendant avec, cependant, des raidillons

On attaque la journée par une fabuleuse descente. Il fait froid mais c'est génial. Ça nous récompense pour la montée de la veille. Tout le matin, le parcours est plutôt descendant, quelquefois par de bonnes routes mais souvent par des routes vraiment défoncées. Il n'y a aucune circulation. Les paysages sont beaux, très ruraux, avec toujours beaucoup de caféiers. Les maisons sont plus sommaires que celles de la région de Dalat, certaines en torchis avec des toits de chaume et surtout beaucoup de maisons en bois. On croise des femmes d'ethnies montagnardes en costumes très colorés. Peu avant midi, nous nous arrêtons dans un village pour déjeuner et heureusement car après celui-ci, il n'y a plus grand-chose. Il nous faut du carburant pour l'après midi car on a droit à quelques raidillons et une bosse assez importante. En plus, les 70 km prévus se transforment en 100! Est-ce parce que nous empruntons une nouvelle route pour faire les 25 derniers kilomètres? Mystère!

de Phu Son à Lak

rencontre insolite (de Phuson à Lak)

rizières (de Phuson à Lak)

maison longue sur pilotis (région de Lak)

12^ème étape à vélo : Lak - Buon Ma Thuot 55 km par la route 27 en très bon état

La 12^ème étape de vélo est une étape "bosses", sans gros dénivelé mais toujours avec de bons raidillons. Le départ, le long du lac de Lak et des rizières est très plaisant mais le reste, en ligne droite, est un peu monotone. Les jambes deviennent lourdes; cela fait 7 jours qu'on pédale. Comme nous avons une belle chambre d'hôtel à l'arrivée et que Buon Ma Thuot est une ville plaisante, nous décidons qu'il est temps de faire une pause d'une journée.

de Lak à Buon Ma Thuot

repas sur le marché de Buon Ma Thuot

marché (Buon Ma Thuot)

13^ème étape à vélo : Buon Ma Thuot - Ea Drang 82 km par les routes 8 et 14 pas toujours en bon état.

Encore des montées et des descentes au programme de cette étape. Pour varier le parcours, nous avons choisi de passer par Quang Phu et non de suivre la route Ho Chi Minh, la 14, tout le long. Finalement, ce n'est peut-être pas le bon choix car la route est en travaux et rarement en bon état et comme nous subissons, encore une fois, un fort vent, on se fatigue pour rien. Nous passons même dans une plantation d'hévéas, pendant 1 kilomètre ou 2 pour éviter la poussière de la route. En traversant un village, un type complètement saoul se jette dans mes roues. Nous nous retrouvons tous les 2 au sol, lui, les pieds coincés dans ma roue avant et moi, le cuir un peu râpé. Heureusement plus de peur que de mal. Quand on rejoint la route 14, c'est un peu plus roulant, mais les bosses sont toujours là. En début d'après-midi, nous arrivons à Ea Drang, étape que nous nous étions fixée et où nous trouvons un hôtel.

14^ème étape à vélo : Ea Drang - Chu Se 67 km sur un parcours vallonné mais roulant le long de la route Ho Chi Minh

Hello, hello, hello !

autobus en folie (route 14)

En quittant Ea Drang par la route 14, étroite et sinueuse, nous avons peur; peur à cause des bus, très nombreux, qui roulent vite et doublent inconsidérément. Ils sont fous! Plusieurs fois, nous descendons dans le talus pour éviter qu'ils nous frôlent. Est-ce la peur, le vent ou le parcours roulant qui nous fait faire les 20 premiers kilomètres en 1h00? Heureusement, la suite est plus paisible et cela nous rassure. A midi, nous sommes à l'hôtel (encore une bonne surprise) et un peu plus tard, nous dégustons un délicieux lau (fondue vietnamienne) dans un restaurant d'Ea Drang.

maison commune moderne (Chu Se)

15^ème étape à vélo : Chu Se - Pleiku 43 km par la route 14 vallonnée, avec un fort vent d'est

Bien que nous n'ayons prévu que peu d'heures de route aujourd'hui, nous ne ferons pas la grasse matinée; à 5h30, des hauts parleurs tonitruants installés dans la rue nous assènent une leçon d'aérobic tandis que les bus klaxonnent et que les motos pétaradent. Nous sommes bien les seuls incommodés car, au Vietnam, personne ne semble gêné par les bruits de la rue, des karaoké et des télévisions... Quant à la route jusqu'à Pleiku, elle n'est pas très intéressante, encombrée, bruyante et ventée, nous sommes heureux d'arriver.

16^ème étape à vélo : Pleiku - Kontum 63 km par la route 14 avec un détour par le lac Bien Ho

lac Bien Ho

Nous retrouvons le plaisir de rouler en faisant un détour, à 10 km de Pleiku, par le lac de Bien Ho. Empruntant les chemins de terre qui longent ce lac de cratère, nous profitons de la bonne odeur que diffusent les caféiers en fleur. Une des caractéristiques du voyage à vélo, par rapport à celui en camping-car, est que nous profitons des odeurs, des bonnes mais aussi des mauvaises, beaucoup plus courantes! Le reste de la route se déroule avec le même dosage que les jours précédents : montée, descente, montée, descente... jusqu'à arriver à Kontum, une ville qui attire quelques touristes venus voir des villages d'ethnies montagnardes, les bahnar, Jarai... Ces populations vivent encore en communauté dans leur village aux maisons de bois sur pilotis et autour de la maison commune, la rong, qui est toujours utilisée, entre autre, comme salle de classe. Certains villages sont maintenant intégrés à Kontum et forment des quartiers inclus dans l'agglomération faciles à visiter. La ville est une bonne étape et pour une fois, il y a autre chose à voir que le marché!

maraîchers (de Pleiku à Kontum)

église catholique en bois (1913 - kontum)

rong ou maison commune (kontum)

maison de village bahnar (kontum)

masque et casque, les 2 accessoires chics dans la circulation de Kontum et partout ailleurs!

17^ème étape à vélo : Kontum - Ngoc Hoi 80 km par la route 14 devenue paisible

Avant de quitter Kontum, nous visitons les villages bahnar des alentours et nous quittons Kontum assez tard. Aurons-nous le temps d'aller jusqu'à Ngoc Hoi ou devrons-nous nous arrêter à Dak To? La circulation sur la route Ho Chi Minh a presque complètement cessée et la route est très agréable. A 13h00, nous sommes à Dak To. On aperçoit un hôtel et il serait peut-être plus sage de s'arrêter là. Nous décidons quand même de continuer en nous disant, tout le long du chemin, que nous allons regretter notre décision car nous sommes au bout de nulle part. Il n'y a rien autour de nous, que de minuscules villages. A l'entrée de Ngoc Hoi, pourtant, un panneau annonce un hôtel 4 étoiles. Serait-ce un mirage? Un 4 étoiles dans ce trou perdu? On y croit puis on se dit qu'on a dû rêver. On n'a pas le courage de faire demi-tour pour aller vérifier. Cependant, l'hôtel existe bien et l'on succombe au luxe, d'autant plus facilement que le luxe au Vietnam revient moins cher qu'un dortoir dans une auberge de jeunesse à Melbourne. Le directeur de l'hôtel nous donneras finalement l'explication de la construction de ce nouvel établissement à Ngoc Hoi; nous sommes à 18 km du Cambodge, à 11 km du Laos, la Thaïlande n'est pas très éloignée non plus et une frontière s'est ouverte tout près de Ngoc Hoi il y a peu. La ville est donc promise à un grand développement.

visite des villages près de kontum (rivière Bla Dak)

près de Ngoc Hoi

18^ème étape à vélo : Ngoc Hoi - Dak Glei 52 km toujours sur la route 14, toujours vallonnée

montagnarde (de Ngoc Hoi à Dak Glei)

Ce sont des petits villages toujours plus isolés et déshérités que nous traversons; chacun possède sa maison commune du type de celles que nous avons vues autour de Kontum, les rongs. Les maisons sont souvent en bois ou en torchis et les habitants semblent ne pas posséder grand chose; même leurs vêtements sont en mauvais état. Contraints de trouver un hôtel, nous devons nous arrêter après seulement 52 km à Dak Glei. Cette fois, pas question de palace mais seulement d'une chambre ouverte au vent et rien à faire dans le village. C'est dans ces moment là que l'on regrette le plus notre camping-car!

de Ngoc Hoi à Dak Glei

19^ème étape à vélo : Dak Glei - Khan Duc 60 km d'une succession de côtes à 10%

Décidément, on n'en a toujours pas fini avec les montées! On enchaîne les côtes à 10% pour passer 2 cols à 1000 puis 1100 m. Le fort vent d'Est ne nous avantage pas mais quand celui-ci cesse, c'est pour laisser place à la pluie. Vêtus de capes, les sacoches recouvertes de sacs en plastique, nous attaquons la descente. On attendait ça depuis longtemps, redescendre enfin tout ce qu'on avait monté depuis plus de 10 jours. Dommage qu'il pleuve! D'un coup, les paysages changent; nous sommes dans la jungle où coulent de nombreuses cascades et les villages que nous traversons sont boueux.
C'est frigorifiés que nous arrivons dans la petite ville de Khan Duc. Un panneau nous indique un hôtel. C'est là que nous passerons le reste de l'après midi à nous réchauffer. Si la pluie continue, nous devrons revoir nos plans.

après le beau temps, la pluie (de Dak Glei à Khan Duc)

en bus pour Hoi An (Khan Duc)

La pluie ne cesse pas et il n'est pas question de repartir à vélo. C'est donc en bus que nous rejoignons Hoi An, sur la côte Est. Avant de quitter Khan Duc, le chauffeur nous fait faire le tour de la localité pendant près d'une heure à la recherche des clients et des marchandises. On nous donne les "places VIP" près du chauffeur (ou places du mort). On peut maintenant apprécier de l'intérieur la douce folie des chauffeurs de bus...
Nous allons poursuivre notre visite du Vietnam à la découverte des villes historiques que sont Hoi An et Hué et fêter le Têt, le nouvel an vietnamien, le 3 février.

préparatifs du Têt (Hoi An)

La rue de notre hôtel est recouverte de plantes et d'arbustes vendus pour décorer les maisons vietnamiennes pendant les fêtes : chrysanthèmes, pêchers, kumquats... Le nouvel an lunaire se prépare en grand! Tout le monde s'affaire autour du temple familial dédié au culte des ancêtres tandis que les touristes, comme nous, découvrent les maisons et les temples datant, pour certains, du 15^ème alors que la ville était un important port de commerce. Véritable musée en plein air, Hoi An est une ville charmante et bien préservée (bien qu'un peu envahie par les tailleurs et les fabricants de chaussures). Son architecture est très chinoise avec quelques caractéristiques japonaises et françaises. Les maisons sont étroites en façade mais très profondes avec un étage bien utile quand l'eau envahit le rez-de-chaussée comme le montrent les marques laissées sur les murs par les différentes crues.

Hoi An

20^ème étape à vélo : Hoi An - Danang 30 km le long du littoral en passant par les Montagnes de Marbre

Le temps est toujours couvert mais il ne pleut pas et finalement nous décidons de quitter Hoi An. En longeant le littoral, c'est toujours venté mais la route est superbe et sans circulation. La plage pourrait être belle si elle n'était pas si construite ou en travaux. Un peu avant Danang, nous nous arrêtons aux Montagnes de Marbre ou Ngu Hanh Son. A cet endroit, se trouvent 5 montagnes, les montagnes de Metal, de Bois, d'Eau, de Feu et de la Terre. Nous montons sur la montagne de l'Eau visiter les grottes, les pagodes et apercevoir Danang et ses environs. C'est dans ce village de Ngu Hanh Son que se concentrent les tailleurs de pierre. Ce qu'ils réalisent est fantastique et souvent gigantesque. Leurs réalisations sont belles à voir. Après cet arrêt, il ne nous reste que quelques kilomètres pour parvenir à My Khe, une des belles plages de Danang.

une oeuvre des tailleurs de marbre (Montagnes de Marbre)

les Montagnes de Marbre près de Danang

plage de Danang

21^ème étape à vélo : Danang - Hué 104 km par le Col des Nuages ou Hai Van

Nous voulons atteindre Hué ce soir pour passer la fête du Têt dans une grande ville mais la journée s'annonce difficile : plus de 100 km, un col à passer, la pluie et le vent. Et comme si ça ne suffisait pas, au moment de partir, Jean s'aperçoit que le pneu arrière de son vélo a une hernie. On ne peut partir sans le changer. On cherche désespérément un magasin de cycles mais, en cette veille de fête, la plupart des boutiques sont fermées. Tout à coup, pof! Le pneu éclate. Vous ne le croirez peut-être pas mais cela se produit juste devant un réparateur de pneus. On lui explique notre problème et il se charge immédiatement d'aller nous chercher un pneu neuf et de nous réparer la chambre à air. Quelle chance! nous pouvons repartir. Mais nous avons perdu une heure précieuse. Après 22 km, nous arrivons au pied du Hai Van ou Col des Nuages, qui monte pendant 8 kilomètres jusqu'à 496 m, en dominant de superbes baies; avec l'entraînement que nous avons, la côte ne nous parait pas très difficile. Vers midi, nous faisons une pause déjeuner mais nous avons tellement peur de ne pas pouvoir arriver avant la nuit que, pour une fois, nous ne nous arrêtons plus. Habituellement, nous faisons des pauses, toutes les heures, pour grignoter quelque chose. Aujourd'hui, on ne mange pas, on ne boit pas, on pédale. On pédale le long des lagunes jusqu'à Hué. Le temps est mauvais, le relief est souvent bosselé et le vent toujours contre nous. Malgré cela, un peu avant la nuit, alors que les Vietnamiens sont tout excités et font leurs derniers achats pour fêter le Têt, nous arrivons à notre hôtel à Hué. Nous sommes mouillés, frigorifiés et fatigués. Nous voulions profiter de la fête, mais le bruit des feux d'artifice nous réveillent à peine. Tant pis! L'année du chat commencera sans nous. Chúc Mùng Nam Mói 2011!

en montant le Col des Nuages

sommet du Hai Van (col des nuages)

en descendant le Col des Nuages

citadelle (Hué)

pagode Thien Mu et tombeau de Minh Mang (Hué)

Guy et Michelle (Hué)

Nous passons les 2 premières journées de l'année lunaire à Hué. La frénésie que l'on avait ressentie ces derniers jours est retombée et c'est en famille que les Vietnamiens fêtent le jour de l'an. Ils sont nombreux à visiter, tout comme nous, la cité impériale de Hué. Hué fût la capitale du Vietnam de 1802 à 1945, sous le règne de la dynastie Nguyen, période durant laquelle fût construite la cité impériale. Largement détruite par les guerres successives, l'ensemble est en restauration depuis les années 80 et la cité interdite, les temples, les résidences de la cour de l'empereur sont maintenant en assez bon état. Le lendemain, l'activité n'a toujours pas repris mais de notre côté, nous avons un programme chargé. Nous prévoyons de visiter, à vélo, les tombeaux des empereurs Nguyen disséminés le long de la rivière des Parfums. Mais rien ne se passe comme prévu aujourd'hui et c'est tant mieux car cela nous permet de faire une rencontre inattendue ou presque! Après avoir fait une halte à la pagode Thien Mu, nous longeons la rivière mais nous nous retrouvons vite dans l'impossibilité de poursuivre notre route par le chemin. Heureusement, un bateau passe par là et nous descend jusqu'au tombeau de Minh Mang. Nous y sommes accueillis par les mandarins de pierre qui montent la garde devant une succession de temples qui mènent au tombeau de l'empereur. Nous apprécions davantage cette visite que celle de la veille et nous nous apprêtons à visiter les tombeaux des autres empereurs quand, une fois de plus, le pneu de mon vélo crève. Cette fois, nous avons oublié les outils pour réparer et nous sommes en rase campagne. Heureusement que 2 touristes sympas s'arrêtent et nous aident à rentrer. Une fois revenu à l'hôtel, il est trop tard pour repartir. Nous en profitons pour flâner dans le centre ville lorsque nous sommes abordés par un couple de Français : " vous nous reconnaissez ? ". Mais oui, bien sûr! Il s'agit de Michelle et Guy que nous avons rencontrés à Auroville, en Inde, en mars 2010 et avec qui nous correspondons depuis. Ils nous avaient contacté par email, il y a quelques jours, pour nous dire qu'ils passaient la frontière laotienne aujourd'hui mais malheureusement, depuis, nous n'avions plus de nouvelles et nous pensions bien les avoir manqués quand, attablés à une terrasse, ils nous ont aperçus. Formidable ! Du coup, nous partons nous balader ensemble et le soir, nous allons au restaurant où nous partageons nos anecdotes de voyages.

22^ème étape à vélo : Hué - Dong Ha 79 km par la route nationale 1

Heureusement que nous sommes distraits par les rencontres aujourd'hui car la route est bien monotone. C'est d'abord Jean-Yves qui nous rattrape le long de la route nationale 1 et nous accompagne pendant une cinquantaine de kilomètres. Jean-Yves est venu de France avec son vélo de route afin de faire des kilomètres pendant la saison hivernale et Jean en profite pour faire quelques accélérations avec lui.; jusqu'à présent, Jean se tenait à un certain train pour ne pas que je décroche, surtout dans le vent. On croise aussi Rémi, solitaire sur son vélo couché, qui arrive de Chine en partant de Bretagne. C'est l'occasion de grimper sur ce vélo insolite et de se dire que ce n'est peut-être pas si mal. Si la route n'est pas intéressante, que dire de Dong Ha où nous nous arrêtons, une ville plutôt laide et déserte pendant les fêtes du Têt. Le seul endroit animé est une rue remplie de karaokés où se pressent les jeunes.

un bout de route en compagnie de Jean-Yves (de Hué à Dong Ha)

Rémi, encore une rencontre sur la nationale 1 (de Hué à Dong Ha)

23^ème étape à vélo : Dong Ha - Cua Tung 81 km en passant par le cimetière national de Truong Son

Une quarantaine de kilomètres séparent Dong Ha de la plage de Cua Tung et pourtant, aujourd'hui, nous en faisons 81 pour visiter le cimetière national de Truong Son où sont enterrés des dizaines de milliers de soldats nord-vietnamiens tués dans la cordillère Annamitique. Pour cela, nous faisons un détour jusqu'au village de Cam Lo puis on prend une superbe route, la 575B, au milieu des pins, des plantations d'hévéas et de villages un peu oubliés du monde. Jusqu'à présent, nous n'avions pas beaucoup vu de témoignages de la guerre du Vietnam qui a opposé le sud et le nord du pays dans les années 60 et 70, si ce n'est les nombreux monuments de type soviétique, le long des routes, à la gloire des soldats communistes. Aujourd'hui, nous sommes au coeur de cette guerre, dans la DMZ, la zone démilitarisée, qui a subi durement le conflit. Nous passons, sur la rivière Ben Hai, l'ancienne ligne de démarcation entre le sud et le nord pour retrouver le bord de mer, à Cua Tung. Malheureusement, nous ne sommes pas dans la bonne saison pour profiter des plages et pour la première fois, nous galérons pour trouver un hôtel. La plupart des hôtels sont fermés et celui que nous trouvons ne nous offre qu'une douche froide pour nous récompenser de notre journée!

sur la route 575B (de Dong Ha au cimetière de Truong Son)

de Dong Ha au cimetière de Truong Son

cimetière national de Truong Son

24^ème étape à vélo : Cua Tung - Dong Hoi 91 km avec un détour par les tunnels de Vinh Moc

plage (Cua Tung)

cratère de bombe (Cua Tung)

plage et rizières (Cua Tung)

Le bord de mer, long de 6 km, de Cua Tung à Vinh Moc est splendide, mais les innombrables cratères de bombes ne font pas oublier que l'endroit a dû être un enfer durant la guerre et qu'il reste dangereux. C'est d'ailleurs pour se protéger des bombardements que les habitants de Vinh Moc ont construit 2.8 km de galeries souterraines que l'on peut maintenant visiter.

tunnels de Vinh Moc

on dort si on peut! (de Dong Hai à Nimh Binh)

La météo n'annonce que 3 jours de beau temps; il ne nous reste donc plus beaucoup de temps pour rejoindre Ninh Binh, la Baie d'Halong des rizières. Après presque 1700 km sur notre bicyclette, nous devons nous résoudre à prendre un bus. Une expérience inoubliable de nuit en bus couchettes! Tout d'abord, nous mettons plus d'une demi-journée à trouver un moyen de locomotion puis nous apprenons, à nos dépends, ce que sont les arnaques vietnamiennes dont se plaignent certains touristes : quelques minutes avant que le bus n'arrive à Dong Hoi, le chauffeur appelle pour nous signifier qu'il double le prix pour transporter nos vélos. Le voyage est lui-même très folklorique. Dans un bus couchettes, on est censé dormir, mais pour supporter la lumière dans les yeux, la musique techno-disco vietnamienne, les papotages, les appels téléphoniques, les coups de klaxons, les soubresauts de la route, les coups de coude des voisins, etc... il faut avoir subi une forte anesthésie. C'est donc les yeux grands ouverts qu'on passe la nuit pour enfin débarquer, à 3h00 du matin, à Ninh Binh. Il fait nuit, mais heureusement, un restaurant de rue est ouvert et nous pouvons y attendre le lever du jour avant de partir pour Tam Coc, un petit village à 10 km de là. Il y a des jours où on regrette vraiment de ne pas voyager à bord de notre camping-car!

bus couchettes (de Dong Hai à Nimh Binh)

vue sur la Baie d'Halong des Rizières depuis Hang Mua (Tam Coc - Nimh Binh)

Notre longue nuit dans le bus est vite oubliée face aux magnifiques paysages de Tam Coc, des collines karstiques au milieu de rizières qui ne sont, malheureusement, pas encore vertes en cette saison. Toujours à vélo, nous nous baladons à la découverte des pagodes dissimulées par les pics rocheux, le long des cultures. Les temples sont encore très fréquentés une semaine après le Têt. Jusqu'à la prochaine pleine lune et pour ceux qui peuvent se le permettre, jusqu'à la nouvelle lune, la nouvelle année sera fêtée et les Vietnamiens continueront à faire le tour des pagodes.

Tam Coc

25^ème étape à vélo : Tam Coc (Ninh Binh) - Phuly 53 km en passant par Trang An et Hoa Lu

Rien de bien intéressant à Trang An où un grand complexe touristique vient d'ouvrir ses portes pour accueillir les visiteurs désireux de faire un tour en barque. Le paysage est complètement gâché par une nouvelle route qui mène à Hoa Lu, l'ancienne capitale du Vietnam où il ne subsiste pas grand chose mais où les Vietnamiens se pressent pour déposer des offrandes dans les temples. Après ce détour, nous sommes encore proches de notre point de départ et heureusement car nous nous apercevons que nous avons oublié nos passeports à l'hôtel de Tam Coc. Un aller-retour en moto-taxi va nous faire perdre une heure avant de pouvoir continuer notre route. C'est en milieu d'après-midi, au moment où la circulation est la plus dense que nous prenons la direction de Phuly par la route nationale 1. La route est dans un état pitoyable, défoncée et la circulation très dense. Nous sommes contents de nous arrêter à Phuly mais un peu inquiets pour l'étape de demain si une telle circulation doit continuer.

temple de Hoa Lu

offrande au temple (Hoa Lu)

26^ème étape à vélo : Phuly - Hanoi 71 km par l'autoroute 1

Pour cette dernière étape à vélo qui nous conduit jusqu'à Hanoi, nous décidons finalement d'emprunter, comme hier, la route 1. Cette partie, qui se transforme après quelques kilomètres en autoroute, est en bien meilleur état que celle avant Phuly. Par contre, la circulation dans la capitale est infernale.

Hanoi approche...

mausolée Ho Chi Minh (Hanoi)

le vélo après quelques achats à Hanoi !

Nicole et Jean-Charles (Hanoi)

Pour quelques jours, des amis expatriés, Nicole et Jean-Charles, nous accueillent chez eux, au bord du Ho Tay, le lac situé au nord-ouest de Hanoi. Généreux, heureux, enthousiastes, disponibles, curieux, passionnants, Nicole et Jean-Charles nous font passer une semaine extraordinaire à la découverte de la capitale, ses musées, les rues de sa vieille ville chacune dédiée à un commerce spécifique, ses pagodes, ses restaurants...

Nicole (Temple de la Littérature - Hanoi)

les rues d'Hanoi

la Baie d'Halong

Si Hanoi marque la fin de notre périple à vélo, ce n'est pourtant pas la dernière étape de notre séjour. Nous ne pourrions repartir du Vietnam sans visiter l'incontournable Baie d'Halong. Cette fois, nous nous laissons guider et réservons une croisière organisée comme la plupart des 2.3 millions de visiteurs qui découvrent le site chaque année. La baie, parsemée de 2'000 collines karstiques, est splendide et nous prenons beaucoup de plaisir à dormir dans ce paysage mythique. Le matin pourtant, nous découvrons les 2 mats d'un bateau sortant de l'eau. Notre guide nous apprend que celui-ci a coulé pendant la nuit mais que tout le monde a été sauvé. Mensonge ou ignorance? Ce n'est que le soir, une fois rentrés à Hanoi, que nous apprenons la vérité : 12 passagers ont péri dans le naufrage survenu à l'aube. Nous n'avons rien entendu et 2 heures après le drame, personne n'était sur les lieux, ni les autorités, ni les sauveteurs...

la Baie d'Halong

vélos prêts à embarquer (aéroport d'Hanoi)

Après Halong, nous rentrons à Hanoi d'où nous partons en avion pour Phnom Penh, au Cambodge, récupérer notre camping-car. Pour embarquer les vélos dans l'avion, nous avons acheté des cartons dans un magasin de cycles. Bien emballés et d'un poids inférieur à 20 kg, ils passent, sans frais supplémentaires, comme bagages en soute.

La cuisine ...

lau ou fondue vietnamienne

banh xeo

pho bo

préparation des nems

roses blanches de Hoi An

Qu'il n'est pas facile de trouver un restaurant dans les petites villes ou les villages vietnamiens! Tous les matins, alors que tout le monde déguste son pho (soupe de nouilles), nous recherchons désespérément quelqu'un pour nous cuire des oeufs au plat que nous accompagnons de pain. A midi, pho ou com (riz) sont un peu plus faciles à trouver mais les petites portions ont du mal à nous rassasier. Le soir, ne comprenant pas le vietnamien, nous nous contentons de ce que nous voyons sur les tables ou de ce qu'il y a dans la cuisine. Heureusement qu'il y a quelques villes touristiques, comme Hoi An ou Hanoi, avec Nicole et Jean-Charles, où nous pouvons découvrir la diversité de la cuisine.

cà phê sua

au petit-déjeuner : bòné ou oeufs au plat

sandwich baguette et Vache Qui Rit

che

En conclusion...

Le Vietnam n'est pas le pays "carte postale" que l'on peut s'imaginer; c'est un pays en construction. Les plus belles plages sont peu à peu grignotées par les engins de chantier, les montagnes sont inexorablement déboisées, le delta du Mékong est sur-urbanisé... Et pourtant, c'est un pays que nous avons adoré dès le premier jour. L'incessante activité des Vietnamiens nous a divertis après plusieurs semaines calmes passées au Laos et au Cambodge.
Vélo ou camping-car?
Le vélo nous a permis de casser la routine qui s'installait un peu dans notre voyage et nous avons retrouvé le plaisir de faire des activités sportives. Si les premiers jours ont été un peu difficiles physiquement, arrivés à Hanoi, nous n'avions plus envie de nous arrêter de pédaler et nous étions en pleine forme. Nous étions plus détendus car nous n'avions pas la crainte, comme en camping-car, de l'incident mécanique et en un sens, le voyage à bicyclette est plus simple qu'avec un véhicule motorisé. Cependant, voyager à vélo, en choisissant de dormir à l'hôtel comme nous l'avons fait, comporte quelques désavantages. Tout d'abord, nous devions préparer les étapes en fonctions des villes d'arrivée. Au début du séjour, nous faisions souvent des étapes assez courtes pour être surs de trouver un toit pour la nuit et, une fois arrivés, nous nous ennuyions. Comme la plupart des hôtels vietnamiens sont équipés de télévisions et de réseaux Internet, nous passions notre temps connectés à l'actualité et avions un peu l'impression d'être rentrés en France. En camping-car, nous pouvons nous arrêter où nous voulons; nous sortons davantage des sentiers battus. Le soir, lorsque nous nous arrêtons, nous attirons l'attention et il y a toujours des curieux qui viennent nous voir. Nous pouvons donc rencontrer facilement des locaux. A l'hôtel, nous ne côtoyons que des touristes, ce qui est évidemment bien moins intéressant pour nous. De plus, à vélo, lorsque le temps n'est pas beau, nous n'avons d'autres solutions que de rester sur place ou de prendre en bus; c'est d'ailleurs le mauvais temps qui nous a empêché de nous aventurer dans les montagnes du nord.
Ce fut donc une belle expérience dont Jean rêvait depuis longtemps et que nous renouvellerons sûrement. Cependant, notre camping-car nous permet de faire d'autres découvertes.

Coups de coeur

Les milliers de "Hello" qui nous ont accompagnés tout le long de notre route ainsi que les cris de joie des enfants, jamais timides et toujours curieux à notre passage

Les hôtels d'un rapport qualité/prix exceptionnel. La majorité des chambres sont équipées de TV satellite, climatisation, salle de bain avec eau chaude, minibar dans une fourchette de prix de 7 à 17€. Nous avons privilégié les hôtels neufs qui sont très nombreux.

Feuille de route

Dates, nombre de kilomètres parcourus et étapes
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Chau Doc

Long Xuyen

Can Tho

Vinh Long

My Tho

Ho Chi Minh Ville (Saigon)

Mui Ne

Vinh Hao (RN 1)

Phan Rang

Dran

Dalat

Phú Son

Lak

Buon Ma Thuot

Ea Drang

Chu Se

Pleiku

Kontum

Ngoc Hoi

Dak Glei

Khan Duc

Hoi An

Danang

Hué

Dong Ha

Cua Tung

Dong Hoi

Tam Coc (Ninh Binh)

Phuly

Hanoi

Baie d'Along

Infos pratiques

Dates	du 03/01/2011 au 19/02/2011
Décalage horaire	+ 6 h / France en hiver; + 5 h / France en été
Monnaie	Dongl (D ou VND); change 1€ = 26'500 D
Coût de la vie	très peu élevé. chambre d'hôtel : de 70'000 à 300'000 D (de 3 à 11 €) plat de nouille (pho) : 20'000 D (< 1 €); repas au restaurant : 50'000 à 100'000 D (de 2 à 4 €) entrée musée ou site historique : 10'000 D à 20'000 D (< 1 €)
Langue	vietnamien (alphabet quoc ngu ressemblant au notre); anglais peu parlé
Climat	janvier/février Delta du Mékong : temps très ensoleillé et chaleur Hauts plateaux du centre : temps ensoleillé ou nuageux. Soirées fraîches Nord : souvent couvert ou pluvieux. Températures fraiches
Visa	Visa valable 60 jours obtenu à Phnom Penh (Cambodge) 1 formulaire à remplir 1 photo d'identité passeport 80 US$ / personne Obtention en 1/2 jour (demandé le matin, délivré l'après-midi après 16h00)
Douane : entrée	Vinh Xuong frontière fluviale Bureau de l'immigration : nous avons confié nos passeports au personnel du bateau qui s'est chargé de les donner aux douaniers durée : plus d'1h Le camping-car est resté au Cambodge
Douane : sortie	Aéroport de Hanoi contrôle des passeports
Nombre de km (bus et vélo)	2788
Nombre de km à vélo	1794
Nombres de jours - nuits	47
Electricité	220-240V - prises à 2 fiches plates parallèles ne nécessitant pas d'adaptateur pour les prises françaises
Routes	Routes de valeur inégales. Dans le sud, les routes sont en bon état. Sur les hauts plateaux de centre, les routes sont souvent défoncées. La route 14 (route Ho Chi Minh) est très encombrée de Ea Drang à Kontum et un peu dangereuse à cause des bus. Idem pour la RN1 de Ninh Binh à Phuly.
Guide	Lonely Planet Vietnam en français :utile mais très insuffisant
Carte routière	Travel Map of Vietnam (Ban Do) et cartes GPS provenant du site Internet Rotweiller
Internet	la majorité des hôtels disposent de connexion wifi
Avion	Hanoi (VN) - Phnom Penh (Cambodge) Vietnam Airlines : 164 € aller simple/ personne. Durée : 3h