Amérique Centrale et Nord résumé | Amérique Centrale et Amérique du Nord 11 mois de voyage
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L'Amérique Centrale : 169 jours et 15'114 km parcourus au Panama, Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Salvador, Guatemala, Belize et Mexique.
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| Du sud au nord, le continent américain est traversé par la Panaméricaine, une route de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres malheureusement interrompue dans le Darién, une zone de marais et de forêts située entre la Colombie et le Panama. Venant de Colombie et rejoignant le Panama, cette portion manquante nous oblige à faire transporter notre camping-car sur un cargo. Elle nous permet également de découvrir l'Archipel des San Blas car, pour une fois, nous avons décidé de ne pas prendre l'avion pour rejoindre notre prochaine destination mais de monter à bord d'un voilier et profiter de la beauté des îles caribéennes. Ce que nous ignorions avant d'embarquer, c'est que, non seulement nous allions découvrir un endroit magnifique mais surtout que nous allions faire la rencontre avec un peuple au mode de vie extraordinaire, les indiens Kunas. Disposant d'une autonomie territoriale au sein du Panama, les Kunas ont conservé un mode de vie traditionnel et vivent encore, c'est à peine croyable, de la culture et de la commercialisation des noix de cocos. En débarquant sur un îlot à peine plus grand qu'un terrain de football, nous faisons la connaissance d'une famille envoyée sur place pour surveiller, pendant plusieurs mois, la cocoteraie. Une femme, les jambes couvertes de bracelets de fines perles et portant le mola traditionnel (chemisier brodé), nous avoue que, même sans eau courante et sans électricité, elle préfère vivre avec sa famille sur l'îlot plutôt qu'au village. Et si c'était là le paradis ?
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| | Mais, fini le rêve, revenons à la réalité ; dure réalité. Le port de Colon où nous devons réceptionner notre véhicule est englouti sous les eaux. Nous marchons dans plusieurs dizaines de centimètres d'eau en frémissant à l'idée de savoir notre camping-car noyé mais, miracle, il se trouve dans le seul endroit du port encore sec. Quel bonheur de le retrouver intact. D'autant que la pluie a enfin cessé et que nous pouvons reprendre la route en toute sécurité. La route, c'est celle qui longe le canal de Panama de Colon jusqu'à la capitale, qui suit ensuite les plages de la côte pacifique avant de traverser la Cordillère Centrale et qui rejoint la mer Caraïbe à la frontière avec le Costa Rica.
Le Costa Rica, petit pays comptant plus de 160 parcs et réserves naturels est un autre paradis, celui des touristes amoureux de la nature. Nulle part ailleurs qu'ici, on peut, dans la même journée, être réveillés par le rugissement des singes hurleurs, courir après les iguanes et les crocodiles, frôler un fer-de-lance, l'un des serpents les plus dangereux du monde, s'émerveiller devant (ou plutôt derrière pour ne pas la déranger) une tortue Luth de plus de 400 kg en train de pondre et s'endormir enfin sous l'œil bienveillant de paresseux, le tout dans un décor de rêve où vivent les gens les plus pacifiques (le pays n'a pas d'armée) et les plus heureux de la terre. Pura Vida !
En continuant notre route vers le nord, nous traversons ensuite le Nicaragua. Entre révolutions, rebellions et interventionnisme américain, le Nicaragua a vécu des heures noires depuis son indépendance mais semble aujourd'hui pacifié ce qui nous permet de découvrir un pays, à la fois pittoresque et accueillant et de fêter le début de notre dernière année de voyage autour du monde avec la population en brûlant les muñecos (poupées de paille à taille humaine), geste qui symbolise à la fois la fin d'une période mais aussi le renouveau. Le renouveau, pour nous, c'est encore 10 mois de voyage et 7 pays inédits dont le Honduras et le Salvador que nous traversons en moins de 3 jours. Le paradoxe, lorsque l'on fait un tour du monde en camping-car en " seulement " 4 ans ½ c'est que nous aimerions sortir des sentiers battus, aller dans les endroits les plus reculés, faire les bivouacs les plus sauvages mais, nous voulons également bénéficier d'infrastructures qui nous permettent d'accéder à ces endroits car notre véhicule n'est pas tout-terrain, que nous voulons avoir suffisamment d'informations touristiques pour ne pas perdre de temps car nous ne bénéficions pas d'un temps infini, et que nous voulons nous sentir en sécurité partout où nous allons. Alors, si toutes ces conditions ne sont pas respectées, comme au Honduras et au Salvador, on file, peut-être à tort, vers d'autres pays plus accueillants et plus accessibles. Et puis, nous avons maintenant un objectif, arriver au plus vite au Mexique pour faire réparer l'embrayage du camping-car qui, depuis la panne survenue en Colombie, continue à faire des siennes. Nous filons donc dare-dare à Tapachula, à la frontière mexicaine, traversant sans presque nous arrêter le Guatemala, pour trouver un garage capable de résoudre enfin notre problème. Le Mexique est un des rares pays américain où notre véhicule, un Ford Transit, est commercialisé ce qui nous donne à penser que notre camping-car sera réparé en rien de temps. Point-de-vue très optimiste puisque c'est seulement 4 semaines plus tard que nous reprenons enfin la route. Pendant ce temps, nous avons eu quelques brefs espoirs et de nombreuses baisses de moral alors que, notre véhicule ne fonctionnant toujours pas correctement, nous nous imaginions déjà mettre un terme à notre voyage. Renoncer ! Après un mois sur place, le destin en décide autrement. Aujourd'hui samedi, alors que nous sommes maintenant seuls avec le responsable de l'atelier du garage Ford et que tous les mécaniciens sont partis, Jean monte dans le véhicule pour un dernier essai (après c'est juré, si ça ne marche pas, on jette l'éponge) et la chance qui ne nous a finalement pas quittés pendant toutes ces années de voyage est encore avec nous ; l'embrayage fonctionne maintenant correctement. L'aventure continue donc… au Guatemala. La découverte du Guatemala commence par la région montagneuse du lac d'Atitlan où hommes et femmes portent l'habit traditionnel et où les marchés sont riches en couleur. Dans les ruelles pentues de Santiago Atitlan, nous partons à la recherche de Maximon, dieu maya local qui se cache au fond de la cour d'une habitation où officie un prêtre. Nous faisons, comme les habitants, une offrande à ce dieu fumeur, buveur et un brin cupide, comptant sur lui pour nous protéger durant notre voyage. Nous sommes un peu comme les Mayas, nous mélangeons toutes les religions et les superstitions; il faut mieux avoir plusieurs dieux avec soi en cas de problème ! Notre camping-car nous emmène ensuite à Antigua Guatemala, l'ancienne capitale. Cette ville, détruite en grande partie lors du grand tremblement de terre de 1773 a été laissée à l'état de ruines ce qui lui confère un certain mystère, une histoire. Derrière les façades détruites, comme celles de l'église San Francisco, se cachent des jardins et des pierres qui laissent entrevoir la grandeur passée des monuments anciens. Cette grandeur n'est rien en comparaison de celle de Tikal ou Yaxha, cités mayas vieilles de plusieurs millénaires perdues dans la jungle. Si Tikal est très visitée, à Yaxha, on a l'impression d'être des Indiana Jones à la recherche d'une cité perdue lorsque, accompagnés des singes araignée, on gravit les temples pyramide pour admirer la vue par-dessus la canopée et que le soir, on bivouaque au milieu des ruines.
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| | Nous n'en avons pas fini avec les temples mayas puisque, de l'autre côté de la frontière, au Mexique, dans la péninsule du Yucatan, il en reste beaucoup à voir. Avant d'y aller, nous traversons le Belize, le plus petit de tous les pays d'Amérique Centrale dont l'originalité consiste en une population très diversifiée ; il y a d'abord les métisses et les mayas, comme dans les pays voisins, mais aussi les créoles d'origine africaine et une petite communauté mennonite, laborieuse et hors du temps. Mais le plus gros atout du Belize, pour nous, reste la mer des Caraïbes. Quel bonheur de pouvoir se poser pour quelques jours sur les plages de sable blanc de cette côte magnifique, au Belize puis au Mexique. Ah, le Mexique ! Un de nos grands coups de cœur durant ce voyage. On y a tout aimé : la mer, la Caraïbe, le Pacifique et la mer de Cortez, les sites archéologiques mayas, les villes coloniales, le chaud soleil, la nourriture bien sûr mais aussi les habitants chaleureux et discrets. Nous y avons en outre bénéficié d'une liberté totale pour bivouaquer. Nous y avons également fait des plongées, avec ou sans bouteille, surprenantes à la rencontre des tortues et des raies sur le récif corallien de Xcalak et à Akumal, des requins bouledogues à Playa del Carmen et des lions de mer en Basse Californie. Sur terre, nous avons assisté à la ponte des tortues marines et à la mise à l'eau de leurs nouveaux nés. Notre parcours a débuté par la péninsule du Yucatan et ses célèbres stations balnéaires que nous avons en partie évitées pour privilégier les endroits plus tranquilles. Sur la péninsule, nous avons visité plusieurs sites archéologiques, Tulum, cité fortifiée perchée au-dessus de la mer puis Chichen Itza, le plus impressionnant de tous, Uxmal… pour ne parler que de nos préférés. Nous sommes ensuite montés dans le Chiapas où nous avons été choqués par les conditions de vie misérables de la population indigène, notamment dans la ville de San Cristobal de Las Casas où, en-dehors du quartier historique et touristique, la pauvreté est terrible. Ces populations des hautes terres sont les oubliés du Mexique sauf, lorsqu'elles se révoltent sous la bannière zapatiste et que l'on n'oublie pas de les réprimer. Continuant notre route dans l'état de l'Oaxaca, nous avons été surpris de nous retrouver à 2800 mètres d'altitude, altitude que nous avons quittée bien vite pour rejoindre la côte sauvage du pacifique que nous n'avons plus quittée jusqu'à ce que nous rejoignions la Basse Californie. Pendant ce dernier mois au Mexique, nous avons fait beaucoup de farniente profitant de la tranquillité des plages en pressentant que dans les 2 prochains pays, aux Etats-Unis comme au Canada, nous ne pourrions peut-être pas prendre notre temps comme ici car il y aurait beaucoup de chose à voir et qu'il faudrait beaucoup rouler.
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| | En ce qui concerne notre sécurité et celle de notre camping-car, nous avons passé 6 mois en Amérique Centrale sans aucun incident. Nous avons bivouaqué où nous voulions, dans des endroits souvent isolés que ce soit sur une plage, dans les campagnes ou en ville, sans jamais ressentir d'insécurité. Sans doute, encore une fois, avons-nous été chanceux mais il semble bien que les touristes ne soient pas la cible première des criminels, en dehors, bien entendu, des très grandes villes que nous avons évitées le plus possible. |
| | L'Amérique du Nord : 160 jours et 24'260 km aux Etats-Unis et Canada
La sécurité, lorsque l'on met le pied aux Etats-Unis, on n'y pense plus du tout. Non, le seul problème, lorsque l'on arrive sur la côte californienne, c'est de trouver un endroit autorisé où dormir avec son camping-car en dehors des campings. Les RV (camping-cars) sont tellement populaires que leur usage est très réglementé et pour nous, voyageurs " en liberté ", il est très difficile de se conformer aux règles alors, comme à chaque nouveau pays (les USA sont le 47ème), on doit s'adapter. Heureusement, on trouve vite des solutions et des endroits magnifiques et sauvages où s'arrêter, dans les forêts et les parcs nationaux par exemple ou tout simplement dans un quartier résidentiel et l'on oublie bien vite les hésitations des premières heures. Pour circuler par contre rien de plus facile ; les routes et les avenues sont adaptés aux grands véhicules. Il faut dire que lorsqu'on parle de RV aux Etats-Unis, c'est souvent à propos de bus aménagés de plus de 12 mètres de long tirant quelquefois derrière eux une voiture alors évidemment, notre petit camping-car de 6.64 mètres est très à l'aise ici pour se déplacer.
Notre traversée des USA, c'est 11'000 km de la frontière mexicaine jusqu'aux Montagnes Rocheuses, dans la partie ouest du pays. Tout débute près de San Diego dans le désert d'Anza Borrego et à Joshua Tree, notre 1er parc national américain. Les Etats-Unis possèdent 59 parcs nationaux sur tout leur territoire et plus de la moitié se trouvent sur notre route. Après avoir fait un petit détour par Los Angeles et Hollywood et avoir longé la superbe côte de Big Sur jusqu'à San Francisco, nous redescendons en direction de Las Vegas en passant par plusieurs parcs dont celui de la Vallée de la Mort que nous traversons sans mettre en fonction la climatisation de peur de faire chauffer le véhicule tant il fait chaud (52DEGRES à l'ombre, sans ombre). Si l'on a peur pour le camping-car, nous, nous sommes prêts à vivre l'expérience jusqu'au bout et à dormir sur place. Nous choisissons de nous arrêter dans le campement primitif de Furnace Creek, le bien nommé puisque " furnace " signifie " four ". Deux cyclistes déshydratés et épuisés nous y rejoignent. Le lendemain, ils jetteront l'éponge et nous demanderont de les sortir de cet enfer. Comme quoi, on a bien fait de choisir de faire le tour du monde en camping-car plutôt qu'à vélo ! Il fait encore très chaud à Las Vegas et, comme nous avons prévu d'y rester plusieurs jours pour y accueillir des membres de notre famille, nous dormons à l'hôtel, profitant de l'air conditionné. Les 15 prochains jours, nous ne serons donc plus seuls dans notre camping-car mais 4 et nos invités seront très chanceux puisqu'ils vont faire avec nous un circuit fabuleux sur le plateau du Colorado, en Arizona et Utah et voir les lieux parmi les plus beaux du monde. Wahoo, le Grand Canyon ! Même après 4 années à visiter les plus beaux endroits de la planète, on est époustouflés. Les dimensions sont exceptionnelles, tellement grandes que l'homme n'a pu dompter ce canyon et que nous découvrons un lieu intact. Il est probable que notre planète, il y a quelques milliards d'années, ressemblait à cet endroit. Sur le plateau du Colorado, nous avons aussi aimé d'autres endroits comme Bryce Canyon, Arches ou Canyonlands. Dans tous ces parcs, nous avons souvent dormi sur place et ce fut l'occasion de belles soirées au coin du feu mais, notre plus belle nuit fut celle passée dans la Vallée des Dieux, où seuls au monde dans un décor de cinéma, nous fêtions l'anniversaire de Jean.
Une fois revenus à Las Vegas, nous reprenons notre route seuls vers les montagnes Rocheuses. Nous allons y vivre en pleine nature avec comme compagnons, durant nos longues randonnées à Yellowstone ou Glacier, des ours, des élans, des bisons, des cerfs et beaucoup d'autres animaux sauvages habitant les montagnes.
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| | Cette vie continuera jusqu'au Canda, lorsque arrivés dans la province de la Colombie Britannique nous prendrons le chemin de l'Alaska. Cette fois, c'est sur la route même que nous croiserons des ours et des bisons ; la région est si peu habitée que les animaux y sont rois et nous avec. Arrivés à Watson Lake, à la limite du Yukon, nous devons rebrousser chemin ; nous sommes mi-août et il est désormais trop tard pour aller jusqu'au parc Denali en Alaska comme nous l'avions prévu avant notre arrêt forcé du Mexique. Mais si nous ne faisons pas le parcours prévu, nous faisons néanmoins un petit tour à Hyder, enclave américaine faisant partie de l'Alaska située peu avant Watson Lake. Et ça vaut le détour puisque nous assistons à des scènes qui se ne produisent qu'une fois par an, celles pendant lesquelles les grizzlis et les ours noirs pêchent les saumons venus frayer dans la Salmon River. En revenant vers Calgary, nous retrouvons les Rocheuses et faisons, de nouveau, de belles randonnées dans les parcs nationaux de Banff et Jasper réputés pour leur faune sauvage, leurs nombreux glaciers et leurs lacs aux eaux turquoise.
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| | Après les Rocheuses, direction l'Ontario. Pour cela, nous devons traverser les Grandes Prairies du Saskatchewan et du Minetoba puis contourner les Grands Lacs, c'est-à-dire parcourir 3'500 km sans faire grand-chose d'intéressant avant d'arriver aux chutes du Niagara. Si la route est belle dans les Prairies, elle l'est beaucoup moins dans l'Ontario et les journées passées sur la route deviennent de plus en plus fatigantes. Après 8 jours de route, nous sommes heureux d'arriver à Niagara et de découvrir enfin les célèbres cascades. Après Niagara, c'est le Québec et presqu'un peu la France. Est-ce cette langue qui nous unit ou l'hospitalité naturelle des Québécois qui fait que nous passons dorénavant beaucoup de temps à discuter ? Sans doute les deux. Toujours est-il que notre passage dans cette province du Canada est avant tout celle des rencontres et des retrouvailles avec d'autres voyageurs rencontrés ces 4 dernières années et bien que le Québec ne manque pas d'atouts, c'est sans doute cette chaleur humaine qui restera dans nos mémoires.
Si les cœurs sont chauds, le climat est rude et mi-octobre, il est temps de quitter le Canada. Ce départ correspond à la fin de notre voyage. Après 4 ans et 5 mois passés sur les routes du monde, nous rentrons chez nous. Nous prenons l'avion en direction de la France tandis que notre camping-car attend un cargo qui l'emmènera d'Halifax à Anvers où nous le récupérerons dans 3 semaines. Jusqu'au bout, notre fidèle Blucamp Sky 22 sera resté bon compagnon. Difficile de croire, qu'après toutes les épreuves que nous lui avons fait subir, il soit en si bon état. Que la vie fut intense et la route fut belle en sa compagnie !
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