Après avoir traversé, en septembre dernier, le sud du pays de Machipanda à Maputo, nous nous apprêtons à visiter le nord du Mozambique depuis la frontière malawite jusqu'à la Tanzanie. Nous avons cependant quelques préoccupations car plusieurs attaques attribuées à la mouvance islamiste ont eu lieu depuis 2017 dans la province de Cabo Delgado, à l'extrême nord-est du pays, là-même où nous voulons passer la frontière. Nous restons donc à l'écoute de la population et de la police qui pourront nous donner, à mesure de notre progression, d'avantage d'informations sur les dangers éventuels.
De Milange à Mocuba
La route de Milange à Mocuba traverse une très belle région un peu montagneuse parsemée d'inselbergs. La route, financée par la CEE et inaugurée le mois dernier après 3 ans de travaux, est excellente. C'est près de 200 km où nous n'avons pas à nous préoccuper de l'état de la route ni à guetter les trous. En plus, le soir, les employés du chantier nous invitent à rester près de leur dépôt pour être en sécurité. Nous avions prévu de nous arrêter en pleine nature mais, à la nuit tombée, des personnes se sont inquiétées de nous voir isolés et sont venus nous chercher.
Portraits - région de Mocuba
Concernant la population et son mode de vie, ils sont à peu près les mêmes qu'au Malawi. Quelques petites différences cependant, au niveau des habitations, les maisons ne sont plus seulement en briques mais sont majoritairement en torchis, quant aux femmes, elles portent des tenues plus colorées et concernant la nourriture, nous retrouvons les bon petits pains portugais. Quant aux sourires et aux saluts, c'est la même chose même si les gens sont beaucoup plus craintifs, surtout les enfants. Alors que nous étions arrêtés au bord de la route pour déjeuner, des enfants sont restés à nous observer au loin pendant tout le temps du repas. Quand nous sommes repartis, ils ont déguerpi à toute vitesse et se sont cachés dans les herbes hautes. La nouvelle route leur apporte de l'inconnu même si pour l'instant, il n'y a presque aucun véhicule qui l'emprunte.
Vendeurs de bord de route - région de Mocuba
Ecole Padre Dehon - Alto Molocué
Moins farouches sont les enfants de l'école de la communauté catholique Dehoniana d'Alto Molocué où nous nous arrêtons pour la nuit ; 200 élèves survoltés qui chahutent autour de nous alors que Jean démonte la pompe à eau qui ne fonctionne pas correctement depuis que nous avons rempli le réservoir d'eau. Il y a comme de l'air à l'intérieur ou bien des saletés. Heureusement que la communauté dispose d'eau courante, cela nous permet de vider entièrement le réservoir, démonter la pompe et remettre de l'eau. Après plusieurs de ces manœuvres, la pompe fonctionne à nouveau correctement. Pendant ce temps, les enfants s'en sont donnés à cœur joie, couchés sous le véhicule pour prendre une douche alors que l'eau coulait des réservoirs...
La communauté Dehoniana dispose de plusieurs chambres et fait office de pension. Si nous restons dans notre camping-car pour dormir, nous partageons le diner et le petit-déjeuner avec les prêtres et les hôtes. C'est en discutant avec les convives que nous apprenons que le 25 avril, il y a tout juste 5 jours, le cyclone Kenneth a dévasté la région de Pemba dans la province de Cabo Delgado. Après le passage du cyclone, 3 jours de tempête ont suivi et créé des inondations alors que la saison des pluies venait de se terminer et que les rivières étaient à leur niveau maximum. C'est le 2ème cyclone en 6 semaines. Idai, le premier qui avait touché la région de Beira puis avait continué sa course jusqu'au Zimbabwé a fait entre 700 et 1000 morts. Aujourd'hui, pour Kenneth, on dénombre déjà 40 morts. Les conséquences pour nous sont moins graves évidemment, même si certaines routes devenues impraticables et des ponts effondrés nous obligerons sans doute à faire des détours. De plus, nous devons faire une croix sur la visite de Pemba et de ses îles.
Le séjour au Mozambique se complique donc un peu plus, risque de terrorisme, routes barrées mais aussi bivouacs difficiles à trouver, difficulté à trouver de l'eau potable pour remplir les réservoirs du camping-car, etc... C'est avec des questions plein la tête que nous quittons la mission d'Alto Molocué le lendemain pour nous rendre à Nampula. En arrivant, nous sommes bloqués par le cortège du 1er mai, une véritable fête où les employés de chaque entreprise ou corporation sont vêtus avec des costumes assortis. Nous en profitons pour faire une petite visite de la ville à pied. Nampula est une grande ville moderne où l'on pourrait facilement s'approvisionner mais, aujourd'hui est un jour férié et tout est fermé. Il faut attendre demain. En attendant, nous dormons une fois de plus dans l'enceinte d'une mission catholique, le Centro Catequetico Paulo VI situé à la sortie de la ville.
Les 2 principales religions au Mozambique : islam et catholicisme
Le jour suivant, après avoir fait quelques courses dans le Shoprite de Nampula, nous arrivons enfin au bord de l'Océan Indien, dans le village de Lumbo où se trouve le pont qui relie l'Ile du Mozambique au continent. Nous nous arrêtons dans le petit camping Casuarina situé à quelques mètres du pont, sur le continent. Tout est très rudimentaire, camping sur le sable, douche avec un seau mais pour compenser copieux petit-déjeuner face à la mer et hôtes charmants. Le camping se trouve au centre du village de pêcheurs dont la population est majoritairement musulmane alors que jusqu'à présent, elle était d'avantage chrétienne. Si la religion est différente, les gens sont identiques et toujours aussi souriants et amicaux.
Pont reliant l'Ile de Mozambique au continent
Nous faisons 2 allers-retours vers l'île, à pied puis à moto (le pont mesure 3.5 km). Nous aurions pu traverser avec le camping-car et bivouaquer sur l'île sans aucun problème (le pont est en très bon état et les rues de l'île sont larges) mais nous avons choisi de laisser le véhicule au camping.
L'Ile de Mozambique est inscrite au Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco depuis 1991 mais ça ne se voit pas ; les bâtiments, dont certains datent du XVIème siècle, sont pour la plupart en ruine mais on devine sous leurs façades délabrées la beauté de cette ancienne capitale déchue en 1898 au profit de Lourenço Marques. Le fort Sao Sebastiao, l'église Saint-Antoine émergeant de l'eau, les chapelles et surtout l'hôpital sont de superbes monuments. Nous apprécions beaucoup ce moment passé sur l'île à se balader dans les rues. Si un jour, l'endroit devient populaire et que le Mozambique dispose de moyens pour le restaurer, espérons que l'île ne perde pas son âme comme c'est le cas dans d'autres villes classées par l'Unesco où les façades fraîchement repeintes cachent des habitations vides et où les boutiques de souvenirs et les hôtels-restaurants "catalogues" enchantent les touristes. A l'île de Mozambique, il y a de la vie, plus de 10'000 habitants (qui pour la plupart vivent dans le bidonville), il y a des écoles, des lieux de cultes, des pêcheurs et c'est cette authenticité qui rend la visite de l'île vivante et intéressante.
L'Ile de Mozambique
L'Ile de Mozambique
L'Ile de Mozambique
Le camping Casuarina est au bord de l'océan mais ce n'est pas un endroit où se baigner ; la plage est envahie par les barques des pêcheurs et l'eau est un peu trouble. Pour trouver de belles plages nous nous rendons sur la Presqu'Ile de Mossuril. La piste d'environ 35 km qui y mène est défoncée par endroits à cause des récentes pluies ce qui rend le trajet pénible. Sur la presqu'île de Mossuril, à la plage Carrusca, nous avions prévu d'aller dans un camping, apparemment l'unique de la baie, mais celui-ci est éloigné de la mer. Quelle déception ! C'est alors qu'un gars se trouvant près du camping nous propose de nous installer en bord de mer, près d'un abri. Comme il n'y a pas d'eau, il se charge de nous amener des bidons d'eau et de placer quelqu'un pour nous garder moyennant quelques centaines de meticals (quelques €). Nous décidons de lui faire confiance sans savoir qui il est vraiment, sans doute le gardien des abris du bord de mer qui servent d'aires de pique-nique.
L'endroit est isolé mais ça n'empêche pas les marchands de souvenirs et les opportunistes de venir nous trouver pour nous vendre du poisson, des langoustes, du pain ou nous emmener faire un tour de bateau autour les îles. On ignore la plupart de leurs propositions, les prix étant largement exagérés.
Bivouac sur la plage Carrusca - Presqu'île de Mossuril
Nous restons 2 jours sur place profitant de la plage et nous baignant dans la mer calme et chaude (plus de 27°C) ; l'eau est tellement bonne qu'on y reste des heures. Pour la douche et la vaisselle, comme nous n'avons plus beaucoup d'eau dans les réservoirs et qu'on ne sait pas quand on en retrouvera, on s'adapte. Nous avons 2 bidons de 20 litres mis à notre disposition et c'est finalement largement suffisant. Par contre, un autre problème se pose, les batteries de la cellule sont faibles ; elles ne tiennent plus la charge. Il va falloir les changer. La journée, les panneaux solaires les rechargent mais la nuit elles sont trop faibles et le frigo ne démarre plus.
Heureusement, nous avions prévu d'aller ensuite sur les plages de Nacala et il se trouve que Nacala est une ville suffisamment dynamique économiquement pour que nous y trouvions des batteries. En effet, il y a le choix mais malheureusement, il n'y a pas exactement ce que l'on recherche. Nous trouvons des batteries à décharge lente mais elles ne conviennent pas à notre installation alors nous achetons 2 batteries ordinaires d'une puissance chacune de 105A, ce qui devrait nous assurer une bonne autonomie. Jean les installe sur place ce qui lui vaut, à 36°C à l'ombre, de bonnes sueurs.
En fin d'après-midi, nous rejoignons le Libélula Lodge sur la plage privée de Fernao Veleso. Nous pouvons nous y relaxer et profiter du ciel bleu, de la plage et de la mer après avoir résolu le problème de batteries et avoir enfin pu faire le plein d'eau en route dans une station-service. En plus, au lodge, nous retrouvons un peu de confort, petite salle-de-bain avec eau courante et machine pour faire laver le linge.
Libélula Lodge - Fernao Veleso, Nacala
Après 3 nuits passées à Nacala, nous devons maintenant rouler en direction du nord pendant plusieurs jours afin d'atteindre Mocimboa da Praia à environ 600 km de là. Il n'est plus question de s'arrêter à Pemba comme prévu à cause des dégâts occasionnés par le cyclone et les risques d'épidémies (plusieurs personnes étant déjà mortes du choléra).
600 km de Nacala à Mocimboa da Praia
Le premier jour, la route est excellente ; nous traversons la province de Nampula dans la journée et nous arrêtons en milieu d'après-midi peu après la ville de Namapa, à l'entrée dans la province de Cabo Delgado. Nous dormons en bord de route à quelques mètres du poste de contrôle tenu par des policiers et des douaniers. Arrêt pipi des bus et des camions, ce n'est pas l'idéal pour passer la nuit mais c'est sécurisé.
Les femmes pilent le grain - district de Macomia
Le lendemain, la route est bien différente, de Namapa jusqu'à la ville de Metoro, la route est complètement défoncée: nous mettons 1h20 pour faire 40 km. Heureusement, après elle redevient bonne et nous atteignons Mocimboa da Praia en fin d'après-midi. En route, nous constatons les dégâts du cyclone. Dans la région de Macomia, sur environ 70 km, les toits des maisons sont effondrés, les murs écroulés, les arbres sont à terre, c'est la désolation. La pluie continue de tomber et de nombreux villages sont inondés.
Maisons détruites, ponts écroulés et arbres couchés après le passage du cyclone Kenneth - district de Macomia
A Mocimboa da Praia, la situation n'est pas très réjouissante non plus, pas à cause du cyclone mais à cause de l'insécurité due aux risques d'attentats. La ville est cernée par la police et les militaires. Le camping où nous pensions aller est abandonné et le seul lodge qui reste ne veut pas que nous restions sur leur parking. Comme nous ne voulons pas prendre une chambre, nous essayons de trouver un endroit où bivouaquer. Après avoir fait plusieurs fois le tour de la ville et avoir demandé à plusieurs personnes, nous nous adressons au prêtre de la paroisse. Le père Valentine, un résistant en terre islamique, nous accueille volontiers à condition que nous allions nous présenter d'abord à la police. Avec lui, nous nous rendons au poste où nous subissons un petit interrogatoire avant que le policier accepte que nous restions près de l'église pour la nuit.
Accueillis à l'église de Mocimboa da Praia par le père Valentine
Dans ces conditions, il n'y a aucun intérêt de rester d'avantage à Mocimboa et nous reprenons, dès le lendemain matin, la route vers la frontière tanzanienne où nous espérons prendre un ferry pour traverser la rivière Rovuma qui marque la limite entre les 2 pays. Avant que nous partions, le père Valentine appelle le responsable du ferry pour connaître les jours de traversée. Il semble que ce ne soit pas avant 3 jours mais nous décidons de partir quand même quitte à attendre à la frontière. Sur la route qui mène à Palma, nous croisons un militaire blessé, puis un véhicule immobilisé avec les 4 pneus crevés, puis 2 véhicules incendiés et des dizaines de militaires cagoulés postés dans tous les villages. La nuit a dû être violente. Nous commençons vraiment à flipper et à nous rendre compte du danger. De plus, depuis hier, nous ne captons plus de réseau de téléphone, ce qui n'est pas pour nous rassurer. Etrangement pourtant, aucun militaire ne nous arrête pour nous mettre en garde ou pour nous demander où nous allons. Ce n'est qu'à Palma que nous traversons le premier contrôle de police et là encore, on ne nous demande que nos papiers d'identité, un contrôle de routine.
Devons-nous faire marche arrière et aller prendre la frontière en dehors de cette province plus à l'ouest ? La question se pose d'autant plus que la piste de 44 km qui mène jusqu'à l'embarcadère du ferry est en très mauvais état. La pluie l'a ravinée ; il y a des crevasses et de profondes flaques d'eau. A mesure que nous roulons, c'est de pire en pire.
Piste Palma - Quionga : 1ère étape vers l'embarcadère du ferry
Cependant, on continue en espérant que ça va s'améliorer et surtout, on ne veut pas faire le chemin à l'envers et repasser par les endroits difficiles où nous sommes déjà passés. On arrive enfin au village de Quionga, à mi-chemin entre Palma et notre destination. On s'arrête chez Andre, un expatrié qui accueille quelques touristes sur son terrain et dont nous avons trouvé l'adresse grâce à Ioverlander. Sur place, on espérait avoir quelques informations concernant les départs du ferry mais malheureusement Andre n'est pas chez lui et le gardien ne peut nous renseigner. D'ailleurs, personne ne peut nous donner d'informations, ni les habitants du village, ni les policiers. Et toujours pas de réseau téléphonique... Même les militaires ne peuvent nous apporter aucune aide. Au contraire, dans l'après-midi, cagoulés et mitraillette en bandoulière, ils viennent nous chercher pour que nous les tractions car ils sont embourbés à 2 km du village. On ne peut refuser mais, nous craignons les risques de ce genre de manœuvres. Finalement, au moment de partir, un militaire revient nous prévenir qu'ils s'en sont sortis sans nous.
Après 2 nuits passées à Quionga, nous décidons de reprendre la route pour ne pas risquer de louper le ferry si celui-ci arrive bien le surlendemain comme nous l'a dit le père Valentine.
Piste Quionga - embarcadère du ferry : 2ème étape
Alors que Jean reste relax, moi, je me suis réveillée angoissée et la journée que nous passons sur la piste ne risque pas de me détendre. La deuxième partie de la piste est pire que la première et cela va crescendo ; la piste est crevassée de toute part. En route, on rejoint un minibus 4x4 planté dans une montée. Jean aide à pousser le véhicule et en échange, les passagers du bus acceptent d'attendre pour nous aider en cas de problème. Heureusement, notre véhicule passe sans aucun souci et nous n'avons donc pas besoin de leur aide. Contrairement à d'autres pays, ici, il y a rarement de solidarité entre les conducteurs. Il ne faut pas s'attendre à être aidé gracieusement. La piste en mauvais état fait vivre quelques personnes qui monnayent leur aide en cas de problème. Aider quelqu'un gratuitement, c'est priver un gars de gagner un peu d'argent donc personne ne le fait. En route, quelques opportunistes nous réclament des sommes exorbitantes parce qu'ils ont bouché un trou. On leur donne une ou deux pièces (50 fois moins que ce qu'ils réclament) et on passe même s'ils ne sont pas d'accord. On essaye cependant de garder le sourire et de ne pas les fâcher car on pourrait avoir besoin d'eux quelques kilomètres plus loin.
Les derniers 900 mètres pour atteindre l'embarcadère ; place aux camions et minibus
Avant l'embarcadère, au milieu de nulle part, nous faisons les formalités de sortie du pays au bureau de l'immigration et nous entrons dans un no man's land de quelques kilomètres. Ici non plus pas d'informations sur le ferry. Pas non plus d'informations sur les 900 mètres restant que l'on découvre complètement impraticables. Lorsque nous y arrivons, 1 minibus est embourbé, 1 engin de chantier servant à l'entretien des rails de chemin de fer a été abandonné sur la piste par le chauffeur du camion qui le transportait et 5 camions tentent de passer les différents bourbiers. Cela fait 2 semaines que ces camions sont plantés là après avoir traversé la rivière Rovuma en provenance de Tanzanie. Les chauffeurs ont payé des gars pour écoper et combler les trous. Jusqu'à la nuit tombée, ils vont tenter de passer. A chaque trou, ils s'embourbent et lorsqu'enfin le premier réussi à passer, il tracte les autres. Quant à nous, nous attendrons demain pour tenter de traverser. Les militaires qui gardent la frontière nous conseillent de dormir près de leur cabane pour notre sécurité. En effet, il y a pas mal de gars qui vont et viennent entre les 2 pays et on ne sait pas bien ce qu'ils font là.
A 5h30, nous sommes levés. Nous retournons voir si l'eau a diminuée mais, rien n'a changé depuis hier. Le chemin se trouve au milieu des rizières et n'est pas surélevé donc l'eau ne peut s'écouler. Bien au contraire, les champs inondés se déversent dans les trous de la piste. De plus, le passage des camions a tracé de larges sillons.
Derniers 900 mètres pour atteindre l'embarcadère ; à notre tour de passer
5 types sont déjà sur place pour nous aider ; nous leur avions dit la veille que nous passerions aujourd'hui. On négocie le prix à 2000 meticals (30€) ; on pensait s'en sortir pour 500 mais les enchères ayant commencé à 10'000, on n'a pu faire baisser d'avantage. Les gars travaillent bien, comblent en partie les trous et placent des planches dans certains bourbiers. Jean va pouvoir y aller.
Sur les 7 passages difficiles, Jean se sort facilement de 6 mais s'embourbe dans celui où sont déposées les planches en faisant une fausse manœuvre. Ayant préparé les MadTracks, nous les plaçons sous les roues, Jean recule, reprend la bonne trajectoire et passe correctement. A 9h00, il a enfin passé tous les obstacles. Il nous reste maintenant à attendre le ferry. Aujourd'hui, demain, après-demain ou encore plus tard, il faut attendre que le fleuve soit assez haut. L'embarcadère étant à l'embouchure du fleuve, la hauteur dépend des marées.
On attend le ferry...
Il n'y a absolument rien à faire sur place sinon observer les passagers des barques à moteur qui arrivent de Tanzanie ou en reviennent et le ballet des motos qui les emmènent à Palma. Il n'est pas question de se baigner dans la rivière, le courant est trop fort et il y a des crocodiles et des hippos. Outre l'attente, le plus ennuyeux est que nous n'avons plus grand-chose à manger, plus beaucoup d'eau ni plus beaucoup d'argent. Pour l'eau, on utilise désormais celle de la rivière pour la vaisselle et pour la toilette et pour le reste, on épuise les réserves.
... qui arrive enfin.
Le 14, le ferry attendu n'est pas venu. Le 15 non plus mais, grâce à quelqu'un qui m'a prêté son téléphone, je parviens à joindre le responsable du ferry qui me dit qu'il viendra peut-être le 16 mais plus surement le 17. On n'a pas beaucoup d'espoir pour le 16 mais, vers 14h00, le 16, on entend des rumeurs qui annoncent que le ferry arrive. En jetant un œil vers l'autre rive, on aperçoit effectivement le ferry. Tout se passe alors très vite, en quelques minutes, les véhicules tanzaniens débarquent et nous, nous embarquons. Enfin, nous pouvons rejoindre la Tanzanie.
Le Mozambique nord
Autant le sud du Mozambique avait été reposant, autant le nord a été compliqué. Est-ce que le jeu en valait la chandelle ? A la saison des pluies et même au moins 2 mois après la fin de cette saison d'après ce qu'on a appris, il n'est pas raisonnable de vouloir rejoindre la frontière tanzanienne, ni par la route que nous avons prise ni par celle de Mueda qui, d'après nos renseignements, n'est pas meilleure. Hormis ce problème de passage de frontière, nous avons apprécié de traverser cette région moins touristique et encore plus accueillante que celle du sud. Et en plus, ce petit parfum d'aventure n'est pas pour déplaire à Jean. Quant à moi, "no comment" !