Notre visa East Africa obtenu au Rwanda étant valable au Kenya, les formalités de passage de la frontière de Busia sont très rapides. Sur la route, malgré le nombre important de voitures, la circulation est fluide et cela nous permet d'arriver dans la matinée à Kisumu, d'y retirer de l'argent, de se procurer une carte sim locale et de passer une belle après-midi au bord du lac Victoria, au Dunga Hill Camp. Le long de la route, pas grand-chose d'intéressant à voir mais une surprise, en ce dimanche, l'affluence dans les églises. Elles sont bondées. On voit sortir des édifices religieux plus d'une centaine de paroissiens et ce dans presque chaque village.
Au Dunga Hill Camp, l'ambiance est moins fervente, plus reggae... Les habitants de Kisumu viennent y passer la journée en famille ou entre amis au bord de l'eau se restaurant et alignant les bières. On fait de même (sans les bières) et on observe du haut de la colline les hippos se baignant dans le lac.
Le lendemain, on retraverse Kisumu et on y fait quelques courses dans un des nombreux supermarchés. Comme partout en Afrique, le supermarché est réservé aux classes moyennes et supérieures citadines. Ils proposent les mêmes marchandises que chez nous, des produits qui, pour la plupart, ne font pas partie du régime alimentaire des villageois et qui ne conviennent pas à leur budget.
Plantations de thé - Kericho
Lorsque nous quittons Kisumu, nous prenons la direction de Nairobi, la capitale. Vers Kericho, nous traversons les plantations de thé (le Kenya est le 3ème producteur de thé au monde) puis nous poursuivons notre chemin le long d'une route souvent monotone. En approchant du parc Maasaï Mara, nous apercevons quelques zèbres peu farouches et une ribambelle de voitures transportant des touristes se rendant dans le parc. Ayant roulé toute la journée, nous décidons de faire une pause à Narok, une ville sans attrait où il est difficile de trouver un endroit correct où passer la nuit. Heureusement, à la sortie de la ville, la manager d'un charmant restaurant nous accueille gracieusement sur son parking.
Avant de trouver cet emplacement, nous sommes victimes d'une tentative d'arnaque dans une station-service Total de Narok. Alors que Jean demande le plein, plusieurs pompistes viennent le distraire. Jean ne s'en inquiète pas parce que c'est monnaie courante que les gens nous questionnent et s'intéressent à nous mais, lorsque le pompiste lui annonce la somme à payer, il a un doute. Le nombre de litres qui devrait s'afficher a disparu et n'apparait que le montant à payer. Il demande alors une facture que le pompiste lui remet mais toujours sans le litrage. Difficile de prouver que nous avons été escroqués sans preuve. Nous demandons alors à voir le manager qui ne vient pas puis nous réclamons de voir, sur l'ordinateur de la station, les dernières transactions et effectivement, il apparaît que le montant que nous avons payé ne correspond pas au nombre de litres que l'on nous a servis; il y a 10 litres de moins. Le pompiste nous rend tout de suite la différence en s'excusant mais sans craindre que j'appelle la police comme je l'en ai menacé...
Faille le long du rift - Mai Mahiu
Le lendemain matin, on poursuit notre route vers Nairobi. Aujourd'hui, la route est plus belle, plus montagneuse mais malheureusement encombrée de camions. La circulation dans la capitale, quant à elle, est assez facile malgré les travaux et le trafic. On arrive en fin de matinée à l'ambassade de France où nous souhaitons demander une lettre d'introduction nécessaire pour faire notre visa éthiopien. Ce que nous n'avions pas prévu c'est qu'il est très difficile de rentrer dans l'ambassade sans rendez-vous. La sécurité est maximale. Nous patientons donc devant le bâtiment en attendant que le gardien trouve quelqu'un pour nous parler. On attend, on attend... lorsqu'une employée sort et nous demande ce que nous faisons là. Nous lui expliquons la raison de notre visite. Elle prend notre numéro de téléphone et nous demande de patienter pendant qu'elle trouve un responsable capable de nous aider. Après la pause déjeuner, elle nous appelle et nous demande de nous présenter à l'ambassade. Nous sommes alors reçus par un collègue qui prend en charge notre demande. Nous retournons attendre dans le véhicule et dans l'après-midi, nous récupérons les lettres. Un grand merci aux employés de l'ambassade qui non seulement ont été charmants mais aussi très efficaces. Comme nous devons aller à l'ambassade d'Ethiopie le lendemain et que notre camping prévu se trouve à l'opposé de la ville, nous demandons à rester dormir sur le parking de l'ambassade ce que les gendarmes acceptent.
Il y a des jours où l'on se dit que finalement, même s'il faut un peu de persévérance, voyager c'est facile...
...et des jours... où ce n'est pas facile du tout. Munis de nos papiers, nous entrons au consulat d'Ethiopie à l'heure d'ouverture. Sur place, un employé nous annonce que les visas de tourisme ne sont plus délivrés aux personnes ne résidant pas au Kenya ! Sachant qu'ils ne sont plus non plus accordés par l'ambassade d'Ethiopie à Paris d'après les renseignements que nous avons, ni dans les autres capitales africaines limitrophes, nous voilà dans l'impasse. La seule solution pour obtenir un visa de tourisme est de faire une demande d'e-visa sur Internet mais cela ne nous convient pas car l'e-visa est destiné aux voyageurs arrivant par avion à l'aéroport international d'Addis Abeba. Il est donc impossible d'avoir un visa et entrer par voie terrestre depuis le Kenya. Nous n'avons maintenant plus que 3 solutions : prendre un bateau à Mombasa et rentrer chez nous (la pire), contourner le Kenya (comment ?) et faire demi-tour. Autant dire qu'aucune des 3 options ne nous convient.
3 solutions et un petit espoir que laisse envisager Christophe, le propriétaire allemand du Jungle Junction's, le lodge où nous séjournons à Nairobi. En effet, il pense qu'avec l'e-visa nous pourrions tenter de passer. Certains l'ont fait depuis le Soudan mais nous n'avons aucun témoignage de personnes l'ayant fait depuis le Kenya. Pour avoir une chance que cela réussisse, il faudrait passer par la petite douane près du lac Turkana qui se trouve dans un endroit dangereux et dont les routes, sur plus de 800 km, sont mal cartographiées et en mauvais état. Le mieux serait d'être accompagnés par d'autres voyageurs sauf que, depuis quelque temps, peu d'overlanders vont en Ethiopie. A Jungle Junction's, l'incontournable lieu de rendez-vous de tous les voyageurs, seuls un couple de Japonais qui voyage avec une voiture Polly-Pocket avec laquelle ils ont fait le tour de l'Afrique et un motard allemand (qui travaillait il y a encore quelques semaines dans la ville française où nous avons vécu très longtemps) nous tiennent compagnie. Les Japonais à qui l'on a donné une référence pour prendre le bateau à Mombasa en direction de Marseille sont contents de cette solution et le motard n'est pas pressé de traverser l'Ethiopie. Nous, on gamberge et on se dit qu'on va poursuivre le programme comme prévu vers les plages du sud de Mombasa et qu'en route, on trouvera peut-être une solution.
En route vers le parc national Amboseli - Namanga
Sur la route vers Mombasa, on fait un détour pour aller au parc national Amboseli. Après plus de 50 jours de safaris en 14 mois de voyage, on s'est longtemps demandés si nous voulions faire un safari au Kenya tout d'abord à cause des prix élevés des parcs puis parce que ceux-ci sont souvent petits et très fréquentés. Déjà en Tanzanie, nous avions été un peu déçus par le parc national Tarangire et en Ouganda par le Queen Elisabeth, 2 parcs qui ne supportent pas, à notre avis, la comparaison avec les parcs d'Afrique Australe. D'emblée, on a éliminé le parc Maasai Mara qui semblait trop couru et malgré les mauvais avis que nous avions, nous avons décidé de visiter Amboseli.
Pour s'y rendre, nous rejoignons Mananga, le village frontière avec la Tanzanie et la ville d'Arusha. Jusqu'ici, la route est asphaltée et en très bon état. Ensuite, on suit la piste C103 pour rejoindre la porte de Mananga au nord-ouest du parc. Cette piste est terrible, de la grosse tôle ondulée pendant 50 km. En cours de route, on croise des Massaï en habit traditionnel et la main tendue ; pas un signe de salut ou de bienvenue comme ailleurs, le premier geste est celui de mendier pour une photo contre de l'argent, de la nourriture, etc... Heureusement, à l'approche du parc, il n'y a plus grand-monde et nous décidons de bivouaquer en pleine nature avec comme seuls compagnons des antilopes et des zèbres. On espère voir des éléphants car il y a de nombreuses traces mais notre présence doit les éloigner.
Au lever du jour, on entre dans le parc en prenant la direction du lac Amboseli comme nous l'a conseillé le gardien à l'entrée (la route C103 qui traverse le parc n'étant pas meilleure à l'intérieur qu'en dehors du parc).
Les éléphants, les rois du parc national Amboseli
Notre piste traverse le lac asséché. Le paysage est magnifique et la faune très abondante, d'abord des gnous, des zèbres et des antilopes puis quantité d'éléphants. La faune est très proche et le spectacle merveilleux. Nous restons vers le lac durant 3 heures sans apercevoir un seul véhicule de touristes. On se régale.
Zèbres, gnous et autruches - parc national Amboseli
On rejoint ensuite Observation Hill, une colline d'où l'on observe éléphants, hippos, cobes, etc... dans le marais Enkongo Narok. C'est l'endroit le plus fréquenté du parc, celui où les visiteurs font une pause et descendent, pour quelques instants, de leur véhicule. Nous y manquons un lion qui a disparu peu avant notre arrivée mais, la vue sur les paysages et la faune nous réjouissent assez pour ne pas le regretter.
Marais Enkongo Narok - parc national Amboseli
Nous continuons ensuite notre visite au sud-ouest du parc. Nous sommes surpris d'y croiser des Massaï et leurs troupeaux de vaches et de chèvres. Le parc Amboseli qui n'est pas un parc clôturé est donc un parc où cohabitent la faune sauvage et les éleveurs Massaï.
Comme le parc n'est pas très grand, nous continuons notre chemin en contournant chaque marais. Là aussi, la faune est très abondante, surtout des oiseaux, des flamands, des pélicans, des ibis, etc... mais aussi beaucoup d'hippos, des girafes et quelques hyènes.
Girafes - parc national Amboseli
Nous sommes enchantés par ce parc, la faune, les paysages sont extraordinaires. La différence avec d'autres parcs africains, c'est qu'il est petit et qu'on a d'avantage l'impression d'être dans un parc mais il vaut le détour.
En sortant du parc par la porte sud-est de Kimana, on retrouve la C103 et on continue à subir la tôle ondulée. Heureusement que dans le parc, les pistes étaient bien meilleures et qu'après quelques kilomètres, à l'entrée dans le village de Kimana on retrouve une belle route asphaltée. A Kimana, on négocie à bon prix un emplacement de camping au Keen Ranch ; le gardien qui attend le client est bien seul.
Le lendemain, nous retrouvons la route principale Nairobi-Mombasa par une route flambant neuve jusqu'à Emali puis, jusqu'à Mombasa, c'est l'enfer. La route est en bon état mais encombrées de camions se dirigeant vers le port. Pendant 350 km, il faut subir le trafic d'automobilistes trompe-la-mort qui doublent sans visibilité les files de camions. Il faut à tout moment s'attendre à mordre le bas-côté pour les laisser se rabattre. Si la conduite n'est pas reposante pour le chauffeur, elle ne l'est pas non plus pour le co-pilote car, ayant un véhicule avec la conduite à gauche et conduisant sur la voie de gauche, Jean n'a aucune visibilité pour doubler. C'est donc moi qui doit l'informer à chaque fois qu'il peut passer. Dommage que la toute nouvelle voie de train express Nairobi-Mombasa ne puisse pas absorber tout le trafic de marchandises. Nous faisons finalement la route sur 2 jours, nous arrêtant une nuit sur le parking d'une aire de service.
Comme le contournement sud de Mombasa, en construction, n'est pas encore opérationnel, nous sommes obligés de traverser la ville pour aller sur la plage de Tiwi et comme Mombasa est une île et qu'il n'y a pas de pont entre la ville et le sud (comme c'est le cas au nord), nous montons à bord d'un ferry pour traverser le bras de mer et retrouver le continent. Tout est très bien organisé et le passage est rapide. Ensuite, une petite route en bon état nous conduit jusqu'à la plage de Tiwi, au Twiga Lodge and Campsite, un endroit magnifique et nature au bord de l'océan Indien.
Nous y passons une semaine. Baignades, balades et préparation détaillée de la suite du parcours rythment nos journées. On n'a pas besoin de se déplacer pour se réapprovisionner, chaque jour, les "beach boys" nous amènent les produits, fruits, légumes, pain, œufs que nous leur avons commandés la veille.
Plage, baignade dans l'océan indien, préparation du voyage, vendeur et singe colobe - Tiwi Beach
A 2 ou 300 mètres au nord du camp, le long des rochers, nous nous baignons dans des trous d'eau qui s'enfoncent dans des grottes éclairées par des puits de lumière. Ces trous d'eau n'apparaissent qu'à marée basse. Les beach boys ont trouvé un moyen de se faire un peu d'argent en faisant peur aux touristes qui s'aventurent sans eux vers ces trous d'eau. Il parait que c'est dangereux et qu'il y a eu des vols et des agressions. Nous faisons fi de leur avertissement mais, malgré tout, on n'est pas très rassurés lorsque nous emportons notre appareil photos. Dommage de ne pouvoir profiter sereinement de ce magnifique endroit.
Pour quitter Tiwi en évitant de traverser Mombasa, on nous a conseillé de passer par le village de Kwale, de traverser les Shimba Hills et de rejoindre la route principale à la hauteur de la ville de Samburu. Les paysages sont magnifiques mais, à Kwale, la route asphaltée se transforme en piste un peu cassante jusqu'à Kinango et l'on regrette vite notre choix. On doute même d'avoir pris la bonne route. Heureusement qu'une famille indienne, à bord d'un 4x4, s'arrête à chaque intersection pour nous indiquer la bonne direction. Nous ne rejoignons Samburu qu'à midi après n'avoir parcouru que 100 km. Il en reste 250 pour arriver à Makindu où nous avons prévu de loger dans l'enceinte d'un temple Sikh. La circulation, le long de la route A109, est, comme à l'aller, très importante et un petit accroc (de notre faute) avec un bus sur le parking d'un restoroute finit par nous agacer.
On retrouve notre sérénité en arrivant au temple sikh de Makindu où l'accueil est formidable. A chaque visiteur, on offre le gîte et le couvert. Tout le monde est le bienvenu, quelle que soit sa religion. On peut même assister à l'office, ce que nous faisons. C'est une cérémonie en musique avec peu de prêches. A la fin, le prêtre emmaillote le livre saint dans un drap et l'emmène se coucher dans un lit ! La communauté indienne, importante au Kenya (100'000 personnes), était présente bien avant la colonisation anglaise mais s'est agrandie à la fin du XIXème siècle lorsque les travailleurs indiens sont venus construire la ligne de chemin de fer Mombasa-Kampala. Elle représente une des plus riches et plus puissantes communautés au Kenya.
On repart tôt le lendemain matin car nous avons pris rendez-vous à Nairobi pour changer 2 pneus du véhicule. Bien qu'au Kenya les pneus que nous achetons, des BF-Goodrich, sont 1.5 fois plus chers qu'en Afrique du Sud ou qu'en France et bien que nos pneus ne soient pas très usés, Jean préfère les changer maintenant car il n'est pas sûr d'en trouver par la suite, en Ethiopie ou au Soudan. Une fois le changement de pneus effectués, nous retournons au Jungle Junction's où cette fois, nous faisons faire l'entretien du véhicule par les mécanos de Christophe. Le JJ's est à la fois un lodge, un atelier de mécanique pour autos et motos et un lieu de storage. C'est vraiment l'endroit idéal pour les voyageurs possédant un véhicule. Cette fois, il y a un peu plus de monde mais toujours personne qui veuille se rendre en Ethiopie...
Une fois que tout est en ordre pour le camping-car, nous faisons un aller-retour jusqu'au lac Magadi, un lac isolé situé à une centaine de kilomètres au sud de Nairobi. Pour nous y rendre, nous empruntons une belle route asphaltée et montagneuse qui monte à 2000 mètres d'altitude puis redescend à 600 mètres. En haut, nous devons mettre un pull car nous avons froid et à l'arrivée au lac, tout en bas, nous avons trop chaud : il fait près de 40°C dans une atmosphère désertique. A mesure de notre avancée, nous croisons des villages isolés habités par les tribus massaï. Arrivés à Magadi, nous découvrons, non pas un village à proprement parler mais plutôt une usine (usine de sel exploité par la société indienne Tata) avec quelques logements et bâtiments destinés aux employés. Nous ne longeons pas la rive est du lac comme nous l'avions prévu mais nous traversons le lac et bivouaquons près d'une église au-dessus de celui-ci. Les enfants qui rentrent de l'école, les bergers, les villageois viennent nous trouver. On a beau être perdus au milieu de rien, les jeunes parlent un anglais parfait. Les plus âgés se font traduire car eux ne parlent ni anglais ni même swahili, la langue officielle du Kenya.
Rencontres massaï - Magadi
Rencontres massaï - Magadi
Dans la soirée, une voiture s'arrête près de nous et son conducteur vient nous parler pour savoir qui nous sommes et ce que nous faisons là. Une fois que nous lui avons expliqué, il nous souhaite la bienvenue dans son village et nous autorise à rester. Il nous donne également son numéro de téléphone en cas de problème. Joil, retraité de l'usine Tata, habite à quelques dizaines de mètres de l'église. Un peu plus tard, nous rencontrons sa sœur et ses petits enfants qui nous invitent à leur rendre visite le lendemain matin dans leur ferme.
Visite d'une ferme massaï - Magadi
Le lendemain matin, après avoir passé une bonne nuit, nous nous rendons chez Joil. Celui-ci n'étant pas là (il est parti s'occuper de son bétail), sa sœur nous invite à visiter sa case. Joil et son épouse habitent dans une maison avec un de ses fils et sa belle-fille tandis que sa sœur vit dans une case traditionnelle faite de torchis et de branches ; 2 petites cloisons séparent les minuscules chambres. Contrairement à sa sœur, Joil est une personne éduquée dont les enfants ont fait des études supérieures et qui ont des postes qualifiés dans la santé, la finance ou la logistique, ce qui explique la différence de logement.
Visite d'une ferme massaï - Magadi
La belle-fille de Joil, lucy et un autre membre de sa famille, Francis, nous invitent ensuite à boire le thé. Avec ces 2 jeunes, il est facile de communiquer puisqu'ils parlent anglais. Ils nous racontent leur vie ici, les traditions massaï qui perdurent comme la polygamie et celles qui ne se pratiquent plus comme les oreilles fendues qui ne sont pas autorisées à l'école par exemple. Ils nous montrent des photos des cérémonies traditionnelles sur leur téléphone tandis que nous leur montrons quelques photos de France. Les rencontres comme celles-ci sont rares alors on en profite. Avant de repartir, la sœur de Joil viens nous offrir des bijoux en perles que sa belle-fille a confectionnés. Décidemment, l'accueil massaï, que ce soit en Tanzanie ou au Kenya, est vraiment super (à condition de ne pas être dans les zones touristiques).
Rencontres massaï - Magadi
Sur la route du retour, encore des rencontres avec les bergers qui mènent leurs troupeaux de chèvres ou avec une mère de famille et son fils à bord de notre camping-car.
Revenus à Nairobi, nous allons, sur les conseils de Claude et Alain, des amis voyageurs, visiter l'atelier d'un souffleur de verre, Kitengela Hot Glass. Nous assistons à la production de vases puis nous visitons la maison voisine, une maison d'artiste appartenant à la mère du souffleur de verre. Les 2 visites sont intéressantes. Les objets en verre sont superbes et s'ils n'étaient pas si fragiles et encombrants, on aurait bien craqué pour l'un d'entre eux. Après cette visite, nous retournons à Jungle Junction's pour quelques jours. Près du lodge, nous visitons la galerie d'une fonderie d'art, MatBronze. Malheureusement ici, nous ne pouvons visiter l'atelier car aucun guide n'est disponible. Jean, fondeur de métier, aurait aimé assister à la production.
Toujours préoccupés par l'obtention de notre visa éthiopien, nous contactons l'ambassade d'Ethiopie à Paris où on nous confirme que, contrairement à ce que nous pensions, nous pouvons faire faire nos visas en France. Nous organisons l'envoi de nos passeports à Jean-Pierre, un cousin pour qu'il prenne en charge notre demande sur place. Avant toutefois d'envoyer les documents, on retourne à l'ambassade d'Ethiopie à Nairobi pour tenter d'avoir les visas sur place mais, peine perdue, c'est impossible. On aura tout essayé... ou presque. Comme l'envoi des passeports par DHL à Paris, la demande de visa puis le retour des passeports prennent du temps, nous décidons de continuer la visite du pays pendant une dizaine de jours avant de rentrer à Nairobi et tout réceptionner.
Notre boucle commence par le mont Longonot, 2780 mètres d'altitude, situé sur la crête d'un volcan. Nous dormons le soir au Shepards Camp au pied du volcan avant de partir randonner. Partis de 2100 mètres, une rude montée d'une heure nous mène en haut du cratère. De là, il faut un peu plus de 2 heures pour faire le tour et gravir le Longonot. Une belle balade avec une vue à 360° sur la vallée du Rift et le lac Naivasha sans difficultés mais un peu éprouvante physiquement.
Lorsque nous redescendons, nous ne restons pas au camp du Longonot mais faisons quelques kilomètres pour rejoindre le Fisherman's Camp sur les berges du lac Naivasha. Si le camp est agréable avec quelques animaux, oiseaux, hippos et singes colobes, les environs du lac ne sont, en revanche, pas très beaux. Les serres où sont cultivées des fleurs se succèdent en alternance avec les resorts et il n'y a aucune promenade à faire au bord du lac librement.
Au lac Naivasha, nous préférons le lac Elementeita où nous bivouaquons le jour suivant. L'endroit est sauvage, pas un touriste, pas de bâtiments à l'horizon, seuls quelques bergers et leurs troupeaux de vaches. Notre emplacement à l'Oasis Camp se trouve au bord de l'eau où des milliers de flamands roses nous offrent un spectacle magnifique. Contrairement à Naivasha, on n'est pas parqués et on peut se balader librement le long du lac. C'est un des plus beaux endroits que nous ayons vus au Kenya.
Le lendemain, traversant la grande ville de Nakuru puis la ligne de l'Equateur, nous arrivons au bord du lac Baringo. Jusqu'à Nakuru, la circulation est très dense puis, dès que l'on bifurque vers Marigat par la B4, il n'y a plus personne.
3ème passage de la ligne de l'Equateur entre Nakuru et le lac Baringo
Au bord du lac Baringo, on s'arrête au Robert's Camp, un bel endroit d'où l'on peut observer oiseaux et crocos. Nous y faisons la connaissance de Mathieu et Tannika, un couple franco-américain qui voyage à bord d'un 4X4 équipé d'une tente de toit qu'ils ont acheté en Afrique du Sud. Ils ont envie de remonter le long du lac Turkana en direction de la frontière éthiopienne alors que nous, nous devons retourner à Nairobi.
Cependant, nous faisons un bout de route ensemble en direction du nord. Nous rejoignons d'abord Loruk en suivant la route asphaltée B4 puis nous prenons la piste D370 bifurquant vers l'est. On ne s'attendait pas à une piste aussi mauvaise, très caillouteuse et avec un fort dénivelé, presque 1000 mètres de montée. Nous sommes contents de ne pas être seuls et de pouvoir compter sur d'autres voyageurs en cas de problème. Cette piste ressemble un peu à celle qui nous a permis, au Mozambique, de rejoindre le ferry menant en Tanzanie (et qui m'a traumatisée à vie), le dénivelé en plus et heureusement la pluie en moins. Pour faire les 100 km entre le lac Baringo et Mugie où nous bivouaquons, nous passons la journée sur la route, à une moyenne de 15 km/h. Mathieu, dont le véhicule est plus léger, avance plus vite.
Route Lac Baringo - Mugie
Si la piste n'est pas belle, en revanche, l'endroit est splendide. Nous croisons des populations très diverses et très pittoresques. Peu avant le village de Mugie, nous convenons avec Tannika et Mathieu de nous arrêter en bord de piste pour passer la nuit. On choisit un bel endroit mais avec beaucoup de passage ; les villageois reviennent du marché et viennent nous saluer. Des fermiers qui habitent tout près nous rassurent sur l'endroit et un "administrateur" passant en voiture vient nous contrôler et nous autoriser à rester. La soirée se déroule bien jusqu'à ce que 2 types éméchés viennent nous embêter. Nous joignons l'administrateur par téléphone qui essaye de les raisonner sans succès puis les fermiers voisins, Joel, Dixon et son frère interviennent eux aussi mais sans plus de réussite. Sentant monter l'insécurité, nous demandons aux fermiers si nous pouvons camper près de chez eux, ce qu'ils acceptent bien volontiers et la nuit tombant, nous nous déplaçons. La soirée et la nuit se déroulent alors sans problème.
Bivouac sauvage en compagnie de Mathieu et Tannika - Mugie
Le lendemain matin, nous rendons visite à nos hôtes. Joel et Dixon parlant parfaitement anglais, nous pouvons converser et en apprendre un peu plus sur la tribu pokot dont ils font partie. Encore un merveilleux moment pour nous, un peu moins pour certains enfants qui, nous voyant débarquer, hurlent de peur.
Après cette visite, nous repartons en compagnie de nos amis vers Kisima. A partir de Mugie, la piste est correcte, beaucoup plus roulante que la veille. Au départ, nous longeons le Mugie Wildlife Conservancy et sans même rentrer dans le parc, nous apercevons des girafes, des antilopes, des zèbres et des éléphants. Un véritable safari en pleine nature ! Mathieu qui dispose d'un drone filme les animaux et nous offre de belles images vues du ciel.
Eléphants - Mugie
Girafes - Mugie
Safari improvisé en compagnie de Tannika et Mathieu - Mugie
A Kisima, nous quittons Mathieu et Tannika pour prendre la piste C78 vers l'est qui mène au village de Wamba tandis qu'eux continuent vers Maralal. Cette piste qui nous permet de redescendre les 1000 mètres d'altitude montés la veille est très mauvaise et oblige Jean à faire du trial. On regrette d'être seuls.
Au Kenya, "mauvaise piste" rime avec découverte, beaux paysages et tribus. Outre les Massaï, la région est habitée par les Pokot et les Samburu. Chacun de ces peuples ont un mode de vie, une apparence, des tenues, des bijoux particuliers. Alors que les Pokot élèvent des chèvres, les Samburu possèdent des dromadaires par exemple. Le point commun cependant est qu'il est presque impossible de les photographier. Ils refusent que nous les prenions en photo ce que nous comprenons car nous avons tendance à braquer l'appareil sans préambule ce qui peut déplaire. Par contre, si nous prenons le temps de sympathiser avec quelqu'un, l'état d'esprit change.
Bivouac sauvage en pays samburu
Lorsque nous bivouaquons le soir près de la ferme de Josef, un Samburu, et que nous lui rendons visite le lendemain matin, nous pouvons prendre toutes les photos que nous voulons, de ses 2 femmes (une âgée, une jeune), de ses enfants, de ses habitations (une pour chaque femme), de son troupeau de chèvres ou de ses dromadaires.
Visite d'une ferme samburu - Wamba
Ferme samburu - Wamba
Ferme samburu - Wamba
Josef nous avait un peu contrariés la veille au soir car ayant accepté que nous bivouaquions près de chez lui, il était revenu, accompagné d'un responsable de la communauté de Wamba, nous réclamer de l'argent. Comme il était trop tard pour reprendre la route, nous n'avions pu refuser de lui donner quelque chose mais nous avions tout de même divisé par 4 le montant demandé. Ce matin pourtant, il nous accueille chez lui avec une grande hospitalité et, au moment de partir, chacune de ses femmes nous offrent un collier de perles en guise de présent.
Les Samburus - route de Wamba
Après Wamba, il nous reste encore quelques kilomètres à faire sur une piste ondulée mais correcte avant de rejoindre la route principale A2 qui rejoint la capitale. Comme nous avons encore quelques jours avant de réceptionner nos visas à Nairobi, nous en profitons pour contourner le mont Kenya, la plus haute montagne du Kenya avec un sommet à 5199 m. Nous faisons un arrêt d'une nuit dans le jardin d'un hôtel à Chogoria, le Transit Motel, d'où nous apercevons le sommet du mont Kenya puis nous montons au Castel Forest Lodge, situé au cœur du massif, un endroit magnifique à plus de 2000 m d'altitude qui rappelle les alpages savoyards.
Nous quittons malheureusement assez rapidement l'endroit le lendemain car nous sommes prévenus qu'on nous a refusé notre visa éthiopien à l'ambassade de Paris. Comme on souhaite joindre cette ambassade par téléphone pour obtenir une explication et qu'on n'a pas de réseau suffisant au Castel Forest, on est donc obligés de partir. Cependant, la seule explication qui nous sera donnée est que l'ambassade ne délivre pas de visas dans notre cas contrairement à ce qu'on nous avait affirmé 2 semaines avant. Inutile de leur expliquer qu'on a organisé et payer l'envoi de nos passeports, qu'on a perdu 2 semaines de notre temps et que, surtout, on a sollicité Jean-Pierre et son épouse, Monique, pour rien. Un grand merci à eux 2 car ils ont fait leur maximum. Il ne nous reste maintenant qu'une solution pour entrer en Ethiopie, faire une demande d'e-visa et tenter de passer par la douane de Moyale. L'employé de l'ambassade nous soutient maintenant que c'est possible bien que l'e-visa soit réservé aux personnes arrivant par avion. Quand nous aurons récupéré notre passeport, nous filerons à la frontière et c'est seulement à ce moment-là que nous saurons si cela est permis ou pas. En attendant, nous faisant notre demande de visa par Internet (aussitôt acceptée) et nous patientons dans les environs de Nairobi.
A Jungle Junction's quelques voyageurs mais comme les autres fois, pas décidés à entrer en Ethiopie. Nous partons donc seuls en direction de la frontière. Cette fois, c'est par le versant ouest que nous contournons le mont Kenya. La région de ce côté-ci, beaucoup moins habitée, est beaucoup plus belle. Nous faisons halte à 2500 mètres d'altitude aux environs de Kisima dans le jardin d'une ferme qui dispose d'un magasin et d'un restaurant où nous dînons le soir.
Le long de la route A2 - Région de Marsabit
Ensuite, nous suivons la route A2 qui mène en Ethiopie. Cette route qui avait très mauvaise réputation auprès des voyageurs il y a quelques années a été entièrement refaite et c'est un plaisir de l'emprunter. Sur notre chemin, le désert, quelques rares antilopes et autruches, de petits villages et des bergers menant leurs troupeaux de moutons ou de dromadaires. A leur demande, nous nous arrêtons pour leur offrir un peu d'eau car ils ont beau marcher des heures et des heures, ils ne transportent rien avec eux, ni eau, ni nourriture.
Traversée du désert de Marsabit à Moyale
Arrivés à Marsabit, à mi-chemin entre Kisima et Moyale, la ville frontière, nous nous arrêtons au Henry Camp tenu par un Suisse-Allemand de Bâle et sa femme Rosanna et nous y restons 2 nuits avant de repartir vers Moyale où nous dormons dans la cour d'un hôtel-restaurant, le Holale Resort. Une dernière nuit au Kenya... si demain nous arrivons à franchir la frontière avec notre e-visa. A suivre...
Le Kenya
Le Kenya a multiple facettes. Il y a d'abord les parcs nationaux connus dans le monde entier et fréquentés par les touristes. Ces endroits, pour nous voyageurs, sont coûteux et nous n'en avons pas beaucoup profités. Il y a ensuite la partie du Kenya en plein essor économique avec des villes et des villages surpeuplés, sans charme et souvent très sales, des routes très encombrés et des paysages défigurés. Mais, il y a aussi des endroits isolés magnifiques avec des paysages intactes et des populations qui ont conservé un mode de vie ancestrale. C'est la partie la plus difficile à visiter car les pistes qui y mènent sont souvent mauvaises mais ce sont les endroits que nous avons préférés. Nous n'avons pas voulu prendre trop de risques pour notre véhicule et nous nous sommes donc fixés des limites et c'est dommage car nous aurions aimé aller plus loin mais le voyage est encore long... à condition que nous passions la frontière éthiopienne.