Soudan

01.11.2019 / 14.11.2019


En quittant l'Ethiopie, nous perdons près de 1500 mètres d'altitude et, en contrepartie, gagnons une quinzaine de degrés Celcius. Qu'il fait chaud à Gallabat à la frontière soudanaise !

1er foul - Douane de Gallabat
1ers sourires 

1er bivouac - sud de Gedaref


Au service d'immigration, la procédure est simple, on donne ses papiers et on attend. Comme personne ne parle anglais, on n'a aucune explication mais, après 1 heure 30 d'attente, les passeports sont tamponnés et un "Alien Registration" est établi moyennant le paiement d'une taxe de 640 pounds par personne. Concernant le véhicule, tandis que nous goûtons au "foul" (plat traditionnel soudanais à base de fèves) que le personnel partage avec nous, un douanier enregistre notre CPD et établit un document d'importation. C'est la première fois qu'on nous offre un repas aux douanes. Vers midi, ou plutôt 11h car on a retardé nos montres d'une heure en passant la frontière, on reprend la route. Une route presque déserte, avec peu de monde et très peu de véhicules. Fini les cris des enfants éthiopiens, ici, pas un bruit. Nous pouvons nous arrêter où nous voulons, personne ne vient nous importuner au moment du déjeuner même si quelques curieux nous observent de loin. Que c'est reposant !

Bienvenue en terre musulmane

Nous roulons une partie de l'après-midi. La route asphaltée est pleine de trous sur plus de 80 km et ça, ce n'est pas reposant du tout. Elle est ensuite un peu meilleure mais, après avoir parcouru une cinquantaine de kilomètres, on est contents de s'arrêter. On trouve un endroit en bord de route où quelques arbres nous offrent de l'ombre et où une petite brise nous permet de ne pas souffrir de la chaleur. Alors que nous sommes installés, des hommes et des enfants viennent nous trouver et, comme cela est déjà arrivé plusieurs fois au cours du voyage, nous proposent de nous emmener chez eux.

Mosquée des hommes

Mosquée des femmes

Finalement, nous avions mal compris, nous n'allons pas chez eux mais à la mosquée, la mosquée des hommes, installée au milieu des champs. C'est un terrain soigneusement balayé délimité par des piquets avec un petit abri renfermant les corans et un peu plus loin 2 beaux tapis de prières tournés vers la Mecque. Les hommes insistent pour que l'on assiste à une de leurs activités dans la mosquée, des questions-réponses entre les fidèles et l'imam. C'est une sorte de joute verbale très joviale. Lorsque tout est terminé, alors qu'on demande pourquoi il n'y a pas de femmes, les hommes nous emmènent jusqu'à la mosquée des femmes ou plutôt, ils m'emmènent jusqu'à la mosquée où sont les femmes car Jean doit rester éloigné derrière une palissade. Je profite donc seule de l'accueil merveilleux que me font les femmes du village. Ici, pas d'imam ni de discours mais des chants magnifiques. Aucune ne parle anglais mais heureusement, nous pouvons communiquer par l'intermédiaire d'un des hommes qui me sert d'interprète lorsque les femmes me questionnent pour savoir qui je suis, d'où je viens et ce que je fais ici. Au moment de partir, alors que la nuit commence à tomber, toutes entonnent un chant et souhaite que "Dieu me garde", Machallah !

Quelques présents, coran et cacahuètes 


Quelques minutes après avoir rejoint notre camping-car, une femme et son fils viennent nous apporter des cadeaux. Ils nous offrent un joli coran relié ainsi qu'un sac de plusieurs kilos de cacahuètes cultivées dans le village puis nous invitent à leur rendre visite le lendemain matin. 

A la découverte de l'hospitalité soudanaise - sud Gedaref

A 7h du matin, on vient nous chercher pour aller boire le thé et le café chez la femme que nous avons rencontrée la veille. Comme hier, Jean discute avec les hommes tandis que je m'installe avec les femmes. J'assiste à la préparation du café qui, comme en Ethiopie, est une véritable cérémonie. On brûle d'abord de l'encens puis on prépare le feu pour faire griller les grains de café qu'on pile une fois grillés et que l'on fait infuser dans une cafetière en terre. Ici, au Soudan, on ajoute un peu de gingembre. Deux grands plateaux de nourriture accompagnent les boissons, cacahuètes, dattes, fruits frais et viande. Durant ces quelques heures passées dans le village, nous communiquons d'avantage par gestes qu'avec des mots car les femmes ne parlent qu'arabe. Quand elles veulent savoir quelque chose de précis, elles appellent Yousef, le fils d'une des femmes qui, lui, parle anglais et fait la traduction. Je sens que je vis un moment privilégié ; il me semble, en peu de temps, faire partie de cette communauté de femmes qui m'accueillent de la plus belle manière. C'est un moment magique. Jean me rejoint au moment de partir. Nous sommes accompagnés par des chants magnifiques et repartons avec des cadeaux et à manger "car nous avons une longue route à faire et il n'est pas question qu'on nous laisse partir sans rien avoir à manger" nous dit Yousef. Arrivés au camping-car, tout le monde visite notre petite maison. Nous avons bien peu à offrir en comparaison de ce qu'ils nous donnent. Anecdote amusante : la mère de Youssef, pour nous faire honneur, a mis, au moment de nous quitter, sa plus belle tenue, une robe kaki en tissus épais qui lui recouvre entièrement le corps et un niqab, un voile intégral, qui ne découvre que ses yeux. Elle est très fière de nous montrer ses vêtements "fashion" même si, en Europe, ce type de vêtements n'est pas forcément ceux que l'on considèrerait comme étant à la mode. On leur préfère les belles tenues colorées et les voiles légers que portent la plupart des femmes soudanaises.

Petit en-cas dans les rues de Gedaref

Caravane de dromadaires

Peu après avoir repris la route, on s'arrête dans la ville de Gedaref pour faire quelques courses et faire le plein d'essence. Si le diesel, comme l'essence n'est pas cher (car subventionnés), 5 pounds le litre environ, soit 0.10€, il n'est pas toujours facile de s'approvisionner car les stations-service sont souvent à sec.Par contre, aux alentours de Gedaref, pas de problèmes pour faire remplir notre bouteille de gaz, il y a plusieurs usines de remplissage. C'est encore moins cher que le diesel puisque l'employé qui remplit notre bouteille refuse de se faire payer. Décidemment, quel accueil !

Bivouac sur les rives du Nil Bleu - Wad Medani

On roule ensuite jusqu'à Wad Medani, une grande ville où nous rejoignons le Nil Bleu. Nous pensions bivouaquer en ville mais celle-ci est tellement sale que nous y renonçons. Partout, des sacs poubelle et des ordures ménagères encombrent les rues. C'est repoussant. Heureusement, à la sortie de la ville, au bord du Nil, se trouve un bel endroit propre bien qu'un peu sablonneux où nous pouvons passer la nuit. Toute la journée, il a fait chaud. Plus de 40°C. Ce soir, il fait encore très chaud. Les températures ne retombent que vers 3h du matin et pas en-dessous de 27°C. C'est un peu dur à supporter.

Toujours des ordures ménagères, à Khartoum comme dans les autres villes

Sur la route de Khartoum aussi, le lendemain, il fait chaud et, dans la capitale, c'est pareil. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec des voyageurs français qui nous ont contactés il y a quelques semaines. Avant de les retrouver au Blue Nile Sailing Club, nous faisons quelques courses dans un grand supermarché. On a l'habitude des supermarchés et l'on a tendance à les rechercher mais finalement, il n'y a pas plus de choix que dans les petites épiceries et on se rend compte que cela ne vaut pas le coup de perdre son temps dans les grandes surfaces. 

Camping au Blue Nile Sailing Club - Khartoum

Entre voyageurs français - Khartoum

En milieu d'après-midi, on rejoint Maryline, Renaud et leurs 3 enfants et nous passons le reste de la journée tous ensemble au bord du Nil dans le jardin du club nautique. Cette famille française est partie depuis cet été et s'apprête à faire le chemin inverse du nôtre. Avant ce périple africain, ils avaient déjà parcouru l'Asie à bord de leur camping-car de 2015 à 2017 ; ils ne sont donc pas novices et cette expérience du voyage leur sera surement très utile pour l'Afrique. Nous passons sur place 2 journées en échangeant expériences et informations puis nous nous quittons. Eux restent un peu sur place pour faire des démarches administratives tandis que nous reprenons la route en direction du nord et des sites archéologiques méroïtiques et napatéens. Durant ces 2 jours passés dans la capitale, nous n'aurons pas fait grand-chose. Visiter la ville ne nous intéresse pas vraiment. Elle n'est pas très agréable. Bien que nous soyons dans le quartier des ministères, les rues sont sales et mal entretenues et il y fait très chaud. En partant cependant, on découvre, à la hauteur de la confluence entre le Nil Bleu et le Nil Blanc, un quartier plus luxueux où quelques gratte-ciels futuristes changent l'image de la ville.

Confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc - Khartoum

Sortir de Khartoum non plus n'est pas très agréable, le trafic y est important et les routes sous-dimensionnées. Il fait presque nuit et nous sommes toujours dans la périphérie nord de la ville. Nous poussons encore un peu pour nous retrouver définitivement hors de l'agglomération et nous bivouaquons dans le désert près d'une raffinerie à Al Jaili. L'endroit aurait pu être plus tranquille si nous nous étions éloignés un peu plus de la route car, où nous sommes, nous entendons les camions qui, toute la nuit, continuent de rouler entre Khartoum et Port Soudan.

Mosquée - nord Khartoum

Puits - nord Khartoum

Sur notre route, le lendemain, nous faisons une boucle sans intérêt pour voir la sixième cataracte du Nil. Quelques kilomètres dans le sable pour rien sinon le plaisir de traverser le petit village typique d'Al Miseiktab.

Eau en libre-service
6ème cataracte du Nil
Village d'Al Miseiktab

Ecolières

Khartoum - Atbara : route à camions

Après ce détour, on reprend la route principale puis quelques kilomètres avant la ville de Shendi, on prend la direction de Naqa pour aller voir les ruines de temples méroïtiques. La route pour Naqa qui est asphaltée est soudainement coupée après 10 km et on termine le trajet sur une piste sablonneuse. Sur place, on prend quelques photos du temple d'Apademak avant qu'un gardien nous réclame 20$ par personne pour visiter le site. On trouve le prix un peu exagéré d'autant que les prochains temples à voir dans la journée, ceux de Musarawat et ceux de Méroé, sont au même tarif. On repart donc sans en voir d'avantage et on zappe également Musarawat pour aller directement voir les pyramides de Méroé.

Temple de Naqa

Pyramides de Méroé

En arrivant à Méroé, l'ancienne capitale du royaume de Koush à partir du IIIème siècle avant JC, on aperçoit, de chaque côté de la route, les fameuses pyramides. A l'ouest, la nécropole n'est pas gardée et la visite semble libre. A l'est, sur une colline, une autre nécropole plus étendue s'aperçoit de loin. Comme il est déjà tard lorsque nous arrivons sur place, nous assistons au coucher du soleil sur les pyramides depuis la colline. Un joli spectacle. Le camping-car, quant à lui, est garé pour la nuit dans les dunes de sable à 2 pas du point-de-vue et là aussi, c'est magnifique. Nous passons la soirée à regarder les étoiles, seuls au monde.

Pyramides de Méroé

Au lever du jour, on remonte sur la colline pour faire quelques photos puis on reste quelques heures sur place afin de profiter de la relative fraîcheur du matin. Depuis que nous sommes au Soudan, la chaleur nous a obligés à modifier notre rythme de vie. Nous nous levons à 5h30 du matin, en même temps que le soleil puis, pendant quelques heures, nous faisons toutes les tâches qui nécessitent que nous soyons dans le camping-car : traitement des photos, préparation des étapes du voyage, préparation du site web, etc... Des choses que nous ne pouvons faire le soir à l'étape car il fait trop chaud dans le camping-car. Ensuite, on reprend la route, on roule toute la journée en bénéficiant de l'air conditionné, on fait quelques visites entretemps puis on s'arrête juste avant la nuit.

Pyramides de Méroé

Enfin ça, c'est ce que l'on faisait depuis quelques jours car aujourd'hui, les températures sont bien moins élevées. Lorsqu'arrivés à Atbara, nous abordons la traversée du désert de la Bayuda, il fait désormais moins chaud et quand nous nous arrêtons en plein milieu du désert pour bivouaquer le soir, la température est très agréable. Au réveil, il fait presque frais, 21 °C. C'est au mois de novembre, en théorie, que débute la bonne saison (la moins chaude) pour visiter le Soudan et cela semble bien se vérifier.

Jeune couple - Atbara

 Traversée du désert de la Bayuda

Du coup la traversée de 250 km à travers le désert de la Bayuda, entre Atbara et Karima, est un vrai plaisir et le bivouac dans le sable entre ces 2 villes inoubliable. Il y a peu de pays, en Afrique, qui offrent la possibilité de faire partout des bivouacs sauvages. Au Soudan, que ce soit en ville ou dans le désert, il n'y a pas d'insécurité et lorsque nous sommes dans des endroits habités, la population reste très discrète. C'est l'idéal pour voyager en camping-car. La principale difficulté, si l'on ne fait que des bivouacs en pleine nature, est de trouver de l'eau. A Karthoum, nous avions pu faire le plein d'eau (trouble) mais ailleurs, il n'y a pas d'eau disponible pour remplir nos réservoirs. Cependant, partout, en ville comme au bord des routes, des jarres en terre remplies d'eau sont mises à disposition des passants pour se désaltérer. Là aussi, l'eau est trouble mais nous l'utilisons à l'occasion car les Soudanais la boivent. 

Potiers - Merowe 

Jarres - Merowe

Tombes royales - El Kurru

Vers midi, le lendemain, nous arrivons à Merowe, tout près de Karima, où nous avons l'intention de trouver un petit resto pour déjeuner mais, ce vendredi, rien n'est ouvert et nous sommes quittes pour un pique-nique au bord du chemin qui mène à El Kurru où nous prévoyons de visiter des tombes royales napatéennes datant du VIIème siècle av. JC. En route, nous nous arrêtons auprès de potiers qui fabriquent les fameuses jarres que l'on trouve un peu partout remplies d'eau. Le Soudan n'est pas encore passé à l'aire du "tout plastique" comme ailleurs en Afrique et c'est sans doute mieux car ces jarres, contrairement aux récipients en plastique, gardent l'eau très fraîche même aux heures les plus chaudes de la journée.

Village d'El Kurru

A El Kurru, nous trouvons facilement le site archéologique mais, là aussi, c'est jour de fermeture. On peut se balader sur le site mais pas entrer dans les tombes. Donc, après avoir déambulé dans le village, nous refaisons le chemin inverse. A l'aller, nous avions emprunté une route le long du Nil qui n'était pas entièrement asphaltée mais, pour revenir, nous nous apercevons qu'une belle route, côté désert, mène directement à Karima et aux pyramides de Djebel Barkal. C'est toujours un peu de sable en moins pour le camping-car qui en est déjà beaucoup recouvert.

Pyramides - Djebel Barkal

Avant Méroé, c'est à dire avant le IIIème siècle av. JC, Karima qui portait alors le nom de Napata, était la capitale de la Nubie dont les souverains entre 760 et 747 av. JC (période des Pharaons Noirs) étaient si puissants qu'ils devinrent pharaons d'Egypte (XXVème dynastie) et régnèrent sur l'Egypte, le Soudan et le Liban. De cette époque glorieuse, ne restent que quelques vestiges, une nécropole royale et quelques ruines d'un temple d'Amon et d'un temple de Mout situés autour de la montagne sacrée, Djebel Barkal dont le piton rocheux rappelle un cobra dressé, symbole de puissance. Nous sommes autorisés à nous approcher des pyramides avec notre véhicule mais, par contre, il est interdit de passer la nuit sur place alors, pour profiter de la vue, nous nous installons de l'autre côté de la route, sur un promontoire avec vue sur les monuments. Top !

Files d'attente devant les boulangeries et les stations-services

Le lendemain matin, nous avons un impératif, trouver du diesel. Nous allons traverser le désert de Nubie pour aller à Dongola et nous devons nous assurer d'avoir assez de carburant avant de partir car durant cette traversée, il n'y aura rien. Comme toujours, avant de trouver une station qui dispose de diesel, nous devons en faire plusieurs. En général, si devant la station, il y a une longue file d'attente avec des camions, c'est qu'il y a du diesel sinon, le pompiste dort tranquillement sur un lit en corde à l'abri du soleil et il n'est pas nécessaire de le réveiller car cela signifie qu'il n'y a pas d'essence. Nous n'attendons jamais longtemps dans la file ; il y a toujours quelqu'un qui nous fait passer en premier. C'est un peu gênant mais ça leur fait tellement plaisir de nous faire plaisir qu'on ne peut refuser. Au Soudan, il y a un autre endroit où il faut faire la queue, c'est devant les boulangeries (une queue pour les femmes et une queue pour les hommes). C'est d'ailleurs aux files d'attente que l'on reconnait une boulangerie et que l'on sait que les petits pains sont prêts à être sortis du four. Les Soudanais raffolent du pain. Ils en mangent à tous les repas. C'est à la fois un aliment et un couvert dont ils se servent pour prendre la nourriture lorsqu'ils mangent.

Pyramides de Nuri

Cet approvisionnement en diesel nous ayant occupés pas mal de temps, nous décidons de ne pas partir vers Dongola aujourd'hui mais de rester sur place un jour de plus. Après avoir déjeuné à Merowe, nous allons faire la visite d'autres pyramides, celles de Nuri, pas très bien conservées mais impressionnantes tout de même. De retour à Karima, nous devons trouver un autre endroit pour bivouaquer car le vent souffle fort et nous risquons d'être ensablés. Nous choisissons un emplacement dans la palmeraie de Karima. Entourés de maisons et d'arbres, nous sommes ainsi protégés du sable.

Commerces - Karima

Avant de quitter Karima, le lendemain matin, nous allons boire un bon jus de fruits frais et faire quelques courses. Jusqu'à présent, au Soudan, à quelques exceptions près, nous avons trouvé les gens assez discrets, presque indifférents envers nous par rapport à ce que nous avons vécu ailleurs. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. Ils nous parlent plus volontiers et ça n'en finit pas et nous, on adore ça.

Désert de Nubie entre Karima et Dongola

Bivouac dans le désert de Nubie

Après la foule, la solitude, on aborde maintenant une nouvelle traversée du désert d'environ 200 km entre Karima et Dongola. Si dans le désert de la Bayuda, il y avait quelques habitations, quelques bergers et quelques réparateurs de pneus, ici, il n'y a rien ni personne. C'est à la fois impressionnant et reposant. Nous roulons une bonne partie de l'après-midi puis nous bivouaquons non loin de la route. Au moment de repartir le lendemain, se sentant tellement bien au milieu du désert, nous décidons d'y rester une journée de plus. Il n'y a pas beaucoup d'endroits au monde aussi beau ni aussi tranquille. Et puisque les températures sont idéales, il faut en profiter.

Attente à la station-service - Dongola

Après cette pause, nous reprenons la route de bonne heure le lendemain pour nous rendre à Dongola. Ce sera la dernière ville que nous traverserons avant la frontière avec l'Egypte car plutôt que de prendre la route sur la rive est du Nil, nous avons décidé de passer la frontière à Argin, sur la rive ouest du fleuve. La route d'environ 350 km qui mène à cette frontière a été ouverte seulement en 2016. Il n'y a pas de station-service sur cette portion de route et il faudra encore parcourir 100 km pour en atteindre une côté égyptien. Il est donc impératif de faire le plein à Dongola. Une fois encore, on tourne dans toute la ville pour trouver du diesel et une fois encore, lorsque l'on trouve la bonne station, le pompiste toujours sympa nous fait passer en priorité devant la dizaine de camions qui attend. Cependant, il n'y a pas que des Soudanais bienveillants et certains se plaisent à nous filouter comme ce vendeur de rue à qui je veux acheter quelques fruits et légumes et qui me réclame 1'100 pounds (plus de 20€) pour pas grand-chose. Autant dire qu'il a largement triplé la note. Je repose donc tout et je m'en vais et finalement, on mange au resto ; c'est moins coûteux. Nous rejoignons ensuite un hôtel où nous devons prendre une chambre même si nous dormons dans le camping-car. Difficile de se faire comprendre par le réceptionniste qui ne parle pas un mot d'anglais et qui ne semble pas concevoir que l'on puisse dormir dans une voiture sur le parking d'un hôtel.

Temple de Soleib

Le lendemain matin, on s'attaque donc à cette dernière portion de désert de 350 km. La route est belle et rectiligne et le paysage toujours aussi magnifique. Même sur cette route peu empruntée, il y a, comme partout ailleurs dans le pays, des contrôles de police et comme chaque fois, le policier nous réclame de l'argent pour un péage fictif ou pour un bakchich (aujourd'hui, il voulait des $ ou du whisky...). Dans tous les cas, Jean rigole et dit "non" et le policier nous laisse passer. Après plusieurs dizaines de demandes de ce genre, leurs simagrées nous font bien rire. Vers midi, nous faisons une pause pour admirer les ruines du temple de Soleib, temple édifié au XIVème siècle av. JC durant le règne du pharaon égyptien Amenhotep III. Plus de 3300 ans et, toujours visibles sur les colonnes de ce temple, de beaux bas-reliefs et quelques hiéroglyphes. C'est incroyable !

Temple de Soleib

Comme la procédure d'entrée en Egypte risque d'être longue, nous préférons passer la frontière en début de matinée le lendemain et nous passons une dernière nuit au Soudan, 80 kilomètres avant la douane, en plein désert.

Dernier bivouac dans le désert - Route d'Argin




On a bien fait de prévoir la journée pour passer la frontière mais, contrairement à ce que nous pensions, ce n'est pas l'entrée en Egypte qui pose problème aujourd'hui mais la sortie du Soudan. 5 heures d'attente parce que nous ne voulons pas prendre d'agent en douane pour nous aider à faire les démarches. Des heures d'attente pour rien car finalement, seuls les agents sont autorisés à "réveiller" les peu sympathiques douaniers qui se cachent dans des bureaux inaccessibles au public. On se décide un peu tard à faire intervenir quelqu'un alors on continue à attendre car c'est maintenant l'heure du repas immédiatement suivi de la prière. Il est 13h lorsque nous quittons enfin le Soudan. Les douanes soudanaises, c'est tout bon ou tout mauvais !





Le Soudan

C'est du désert, encore du désert. On reprendrait bien un peu de désert ! 

Le Soudan, c'est aussi le Nil, le plus grand fleuve du monde, qui traverse le pays du sud au nord créant le long de ses berges des milliers de kilomètres d'oasis permettant à la population soudanaise de vivre. 

Le Soudan, c'est également, l'histoire d'une civilisation antique, celle du royaume de Koush, dont les monuments vieux de plus de 4500 ans témoignent encore de la puissance de ce royaume.

Pour tout cela, le Soudan, pays méconnu et souvent mis à l'index, mérite d'être visité.




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