Lesotho

11.11.2018 / 14.11.2018



Les villes frontières sont presque toutes semblables : encombrées, animées et bruyantes, sales et poussiéreuses et un peu misérables. Maputsoe, au Lesotho, ne déroge pas à la règle. Cependant, comme les autres villes frontières, elle ne laisse pas augurer de ce que sera le reste du pays.


Maputsoe, ville frontière


Après quelques kilomètres d'une belle route au milieu d'une campagne peu habitée, nous prenons la direction de Ha Kome et ses maisons troglodytes. En quittant la route principale, les villages et la population sont encore plus clairsemés. Les maisons troglodytes de Ha Kome, qui constituent l'attrait touristique du coin, se visitent avec un guide. Il s'agit de quelques huttes en terre construites dans une grotte, parait-il, au XIXème siècle. Elles sont encore habitées par 3 mamies octogénaires qu'on a l'impression de maintenir ici pour le folklore. Elles n'ont pas l'air plus mal qu'ailleurs et, au moins, elles ont de la visite; aujourd'hui, quelques touristes européens et une bande de jeunes citadins habitant la capitale, Maseru, qui semblent heureux de s'entretenir avec leurs ainées.


Ha Kome Cave Houses


Rencontre avec de jeunes basotho de Maseru

Pour quitter la grotte, comme pour y parvenir, le chemin est très accidenté. Ces quelques kilomètres de mauvaise piste et le peu d'intérêt du site font qu'il faut éviter d'y aller si on ne dispose pas d'un véhicule 4x4.


Premières pistes, vers Roma et Maseru


Pourtant, cette piste ne nous dissuade pas d'en prendre une autre, il est vrai en bien meilleur état, afin de rejoindre Roma et d'éviter Maseru. La route est déserte et superbe. Nous décidons de bivouaquer en bordure, sur un point de vue au-dessus d'un barrage. Contrairement à ce qui était prévu, il fait très chaud au Lesotho et même à cette altitude, à presque 2000 mètres. La colline où nous sommes nous permet de bénéficier d'un peu de vent et d'éviter d'avoir trop chaud. D'après les gens que nous avons interrogés, ce temps sec et très chaud n'est pas habituel. 


Bivouac au milieu de nulle part, 

Le lendemain matin, nous retrouvons rapidement une route asphaltée en bon état jusqu'à notre prochaine étape, les chutes Maletsunyane près de Semonkong. Si la route est belle, elle est aussi très montagneuse et très pentue. 


Le long de la route de Roma à Semonkong

Hormis la traversée de la ville de Roma, nous ne croisons que des bergers et leurs maigres troupeaux de vaches ou de moutons sur une centaine de kilomètres. Certains bergers sont à cheval, la plupart sont à pied. Malgré la chaleur, tous sont couverts d'une épaisse couverture, attirail vestimentaire très répandu au Lesotho.


Bergers - Maletsunyane Falls


Nous avions la crainte de ne voir aux Malentsunyane Falls, comme aux chutes de Tugela de l'autre côté de la frontière, couler qu'un mince filet d'eau mais, malgré la sécheresse qui semble s'imposer dans la région, le débit de la chute de 204 mètres de haut est, sans être tumultueux, très correct.


Maletsunyane Falls - Semonkong

Bien que l'endroit soit assez joli, nous quittons le site. Un des bergers qui se trouve sur les lieux ne nous semble pas très amical et nous ne voulons pas avoir d'histoires avec lui. A l'aller, Jean avait repéré, dans Roma, un édifice religieux semblant abandonné qui pouvait faire un bon bivouac. Nous avons le temps d'y retourner. Une fois à Roma, nous nous garons à l'endroit prévu. Nous ayant aperçus, une jeune femme, qui est une institutrice enseignant dans ce qui n'est pas un bâtiment abandonné mais une école catholique, vient nous trouver et nous conseille de nous garer en face, dans l'enceinte de l'église. Elle nous accompagne pour demander l'autorisation aux religieuses qui acceptent que nous passions la nuit chez elles. Installés sur la pelouse du parc, en bordure de route, nous sommes l'attraction des élèves qui entrent et sortent de l'école. Sans jamais venir nous importuner, nous les voyons rôder le long de la grille, très excités, dès qu'ils nous aperçoivent.


A la recherche d'un bivouac à Roma


Le lendemain, nous assistons à l'entrée des élèves en classe. C'est à nous de les observer chanter et parader.


Ecole catholique mixte de Roma

Nous avions voulu éviter Maseru à l'aller mais nous sommes contraints d'y aller ce matin. En effet, impossible de trouver du diesel pour remplir notre réservoir. Ou il n'y en a pas ou il n'y en a plus. Nous faisons donc un détour de 19 km en direction de la capitale avant de prendre la route A3 vers Thaba Tseka et du barrage de Katse. Durant les prochains jours, après avoir rejoint Katse Dam, nous remonterons jusqu'à Leribe puis descendrons jusqu'à la frontière sud-africaine en passant par le fameux Sani pass. Nous devons avoir assez de carburant pour au moins rejoindre Leribe.


Routes vertigineuses de Roma à Thaba Tseka


Les routes du Lesotho sont, chaque jour, plus belles et plus impressionnantes. Pour rejoindre Thaba Tseka, nous franchissons successivement 3 cols, le Bushmens (2263 m), le God Help Me (2281 m) et le Blue Montain (2633 m) et montons à presque 3000 m d'altitude. La route est, une fois de plus, en très bon état. De nouveau, les seuls personnes que nous croisons sont les bergers et quelques villageois. 


Bergers sur la route de Roma à Thaba Tseka


Villages de Roma à Thaba Tseka


Les routes sont donc en très bon état mais, à partir de Thaba Tseka, la route se transforme en piste. C'est une piste correcte très peu accidentée. Pourtant, après quelques kilomètres, Jean sent que nous avons un problème de frein. Il s'arrête et il s'aperçoit alors que du liquide de frein coule le long de la jante. Nous sommes inquiets. Un automobiliste s'arrête pour proposer son aide. Nous lui demandons de m'emmener à Thaba Tseka pour trouver un mécanicien. Là-bas, nous trouvons quelqu'un disposé à venir sur place. En démontant la roue, le mécanicien s'aperçoit que la fixation d'une pièce entre les 2 maîtres cylindre du tambour de frein est cassée. Il passe la fin de l'après-midi à réparer la pièce faisant quelques allers-retours vers son atelier. A la tombée de la nuit, tout est en ordre. C'est à dire que nous pouvons continuer de rouler tout en sachant que la réparation n'est que provisoire. Cependant, il n'est plus question de poursuivre notre route comme prévu car il est impensable de passer le Sani pass, bien trop dangereux, sans disposer de freins en parfait état.


Bivouac "technique" à Thaba Tseka

C'est à regret que nous faisons demi-tour le lendemain matin après avoir passé la nuit à Thaba Tseka. Nous nous dirigeons prudemment jusqu'à la frontière de Maseru afin de rejoindre Bloemfontein, une ville importante d'Afrique du Sud, où nous sommes surs de pouvoir faire contrôler les freins du véhicule. Jean qui rêvait depuis longtemps de passer le Sani pass rebrousse chemin à regret.




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