Israël et Palestine

03.03.2020 / 13.03.2020


D'Aqaba, en Jordanie, à Eilat, en Israël, il n'y a que quelques kilomètres à faire et une douane à traverser pour laquelle nous avons quelque appréhension. Avec les autocollants des drapeaux iraniens, soudanais et saoudiens collés sur notre camping-car, nous nous attendons à subir un interrogatoire en règle et une fouille minutieuse du véhicule voir à être obligés de sortir toutes nos affaires pour un contrôle. Mais finalement, rien de tout cela ; la fouille est assez légère et l'interrogatoire se résume à quelques questions du style "Où étiez-vous ces 2 dernières semaines?", "Où allez-vous?", "Quelqu'un a t-il pu s'introduire à votre insu dans votre camping-car et y déposer un objet?". Voilà c'est tout, "Désolés de vous avoir gardés si longtemps et bon séjour en Israël".

Sur les plages d'Eilat

Le séjour commence par du balnéaire, à Eilat, ville au bord de la mer Rouge aux allures de station de la Côte d'Azur. Même standing, mêmes plages et mêmes boutiques ; pas vraiment dépaysant pour des Français. Sauf qu'ici, on peut bivouaquer en bord de mer gratuitement, à 2 pas des hôtels, sur un vaste terrain équipé de toilettes, de douches et de lavabos. Ça change tout ! On joue donc les touristes : plage, bronzage, baignade et promenade le soir sur le front de mer. Autour de nous, nous entendons souvent parler français. Un Parisien binational nous explique qu'il vit entre Paris et Eilat et que la communauté française est assez importante ici. Né au Maroc, ayant vécu une grande partie de sa vie en France, il se sent chez lui en Israël et il ajoute qu'il s'y sent en sécurité. L'insécurité, c'est vrai qu'on ne la ressent pas du tout à Eilat. Cela sera t-il différent près de la Cisjordanie ? Lorsqu'il y a une politique sécuritaire dans un pays, comme ici ou comme en Afrique du Sud, on ne sait plus si c'est justifié par des actes ou seulement parce qu'on en parle.
Nous restons 2 jours sur place. Le beau temps nous encourage à rester plus longtemps mais, comme nous avons réservé nos places sur un cargo qui part dans 10 jours pour l'Italie, nous devons reprendre la route si nous voulons avoir le temps de visiter le reste du pays.  

D'Eilat à Mitzpe Ramon

Cratère Ramon - Désert du Neguev

Nous traversons le désert du Neguev. Quelques petits arrêts sur les points-de-vue le long de la route qui mène à Mitzpe Ramon avant de faire une petite balade dans le wadi Hawarin.

Bouquetins - Mitzpe Ramon

Balade dans le wadi Hawarin - Désert du Neguev

Au-dessus du lit de la rivière, le désert fleurit et reverdit ce qui rend les paysages tout à fait insolites.

Wadi Hawarin - Désert du Neguev

Nous terminons la journée au bord du lac de Yeruham dans un parc aménagé. Comme hier, la journée a été très chaude mais, au matin, les températures ont chuté et nous nous réveillons sous la pluie.

Mer Morte

Nous espérons retrouver le soleil et la chaleur en descendant au bord de la mer Morte mais, même à -380 mètres, il ne fait pas très chaud et le ciel est toujours gris. C'est dommage car, de ce côté-ci de la mer Morte, on trouve des plages aménagées où nous aurions pu nous installer avec notre véhicule puis aller nous baigner. On poursuit donc notre route jusqu'à Jéricho en Cisjordanie.

A l'entrée dans Jéricho, un panneau indique que la ville est interdite aux citoyens israéliens... Puis, sur notre route, des pneus calcinés et un barrage militaire... "On fait demi-tour ou pas ?", "Ça craint non ?". Finalement, on s'approche des militaires qui ne parlent pas un mot d'anglais mais qui nous font comprendre que nous ne pouvons entrer dans la ville. On avait l'intention d'y visiter un château mais tant pis, on s'en va et on prend une autre route pour rejoindre un peu plus loin le monastère Saint-Georges. 
Israël, Palestine, Cisjordanie, Gaza, qu'est-ce-que c'est ? Avant 1947, la Palestine, c'est un pays dont les frontières correspondent à peu près à celles de l'Israël et de la Palestine actuelles. En 1917, la Grande-Bretagne qui prend le contrôle de la Palestine, se prononce favorablement à l'établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine selon les aspirations du mouvement sioniste (né en 1897) qui veut créer un état juif. En 1947, l’ONU vote le Plan de partage de la Palestine en un état arabe qui regroupe la Bande de Gaza (côte sud de la Méditerranée et frontière avec l'Egypte) et la Cisjordanie (centre du pays et frontière avec la Jordanie) et un état juif qui couvre le reste du territoire ; Jérusalem étant sous administration internationale. L'indépendance de l'Etat d'Israël est proclamée le 14 mai 1948. Avec ce panneau à l'entrée de Jéricho, on comprend que la cohabitation entre Israël et la Palestine n'est toujours pas excellente !

Monastère Saint-Georges - Jéricho

Comme il continue de pleuvoir, nous renonçons à nous rendre à pied au monastère ; nous nous contentons de l'apercevoir depuis un promontoire. Ce monastère construit au IVème siècle est situé à flanc de rocher au-dessus du wadi Qelt et c'est très spectaculaire. 

Vue sur Jérusalem depuis le Mont des Oliviers

En milieu d'après-midi, on est déjà à Jérusalem. Israël est vraiment un tout petit pays (1/2 fois la Suisse) ! Jérusalem est une ville de collines et de vallées ; des vallées verdoyantes où poussent des oliviers et paissent des moutons et des sommets résidentiels. Pour traverser la ville et rejoindre le quartier historique, ça monte et ça descend fort. Comme c'est vendredi, le week-end en Israël, la ville est calme et on s'y déplace très facilement. Le long de notre route, il y a quelques check points où l'on passe sans contrôle jusqu'à un dernier poste où l'on nous refuse tout d'abord l'entrée. Il semble que cela soit dû à l'épidémie de coronavirus et des restrictions imposées aux Français. Cependant, les militaires, comprenant que nous ne venons pas de France, finissent par nous laisser passer. Nous nous rendons au parking de la "first station", un endroit proche de la vieille ville, où nous pouvons bivouaquer et bénéficier d'une navette gratuite (sauf le samedi). Dans l'après-midi, nous faisons la connaissance d'un Franco-Israélien et de son jeune garçon que nous avions entendu dire en regardant les drapeaux collés sur notre véhicule : "Ils sont allés dans le pays de nos pires ennemis". L'enfant devait certainement parler de l'Arabie Saoudite ; il n'avait pas encore vu le drapeau de l'Iran ! Cette rencontre nous a permis de discuter d'Israël avec un juif croyant plein d'humour et pas toujours complaisant avec son pays. Il nous a fait une bonne mise à niveau sur les origines non seulement de la religion juive mais aussi d'Israël, ses mœurs, ses modes de vie et ses rapports avec le reste des pays du Moyen-Orient et d'Afrique, pas toujours faciles.  

Jérusalem

Les 2 matinées suivantes, nous visitons le quartier historique de Jérusalem. Entourée de remparts, la vieille ville regroupe des sites sacrés tels que le Mur des Lamentations, le sanctuaire islamique du Dôme du Rocher et l'église du Saint-Sépulcre. Alors que le Mur et l'Esplanade des Mosquées sont des lieux plutôt calmes, la visite de l'église du Saint-Sépulcre, comme celles des autres lieux saints chrétiens comme le Mont des Oliviers ou les Jardins de Gethsémani (où les oliviers millénaires auraient été témoins de la trahison de Jésus) sont surpeuplés de croyants et de touristes ; ç'en est presque frénétique. La visite au Mur des Lamentations m'a procuré d'avantage d'émotions que celle de ces lieux qui me sont pourtant plus proches.  

Eglise du Saint-Sépulcre - Jérusalem

Mosquée - quartier musulman de Jérusalem

Dôme du Rocher - Jérusalem

Sous surveillance - quartier juif de Jérusalem

Mur des Lamentations et Dôme du Rocher

Mur des Lamentations - Jérusalem

Mur des Lamentations - Jérusalem

Prières devant le Mur des Lamentations - Jérusalem

Le plaisir de visiter Jérusalem ne réside pas seulement dans la découverte des lieux saints mais c'est aussi de se balader dans les souks ou les quartiers d'habitation des différents quartiers, chrétien, musulman, juif et arménien. On y rencontre, mélangées, toutes les religions et toutes les origines. Nulle part nous ne sentons de tension. La visite de Jérusalem est une très belle et très intéressante visite. A ne pas manquer !

Vieille ville de Jérusalem

Lorsque nous quittons Jérusalem dans l'après-midi du dimanche, nous souhaitons nous approcher de Tel Aviv pour assister aux festivités de Pourim, une fête juive qui débute dans 2 jours. Il y aura des défilés et de nombreuses autres manifestations. D'un autre côté, nous voulons aussi être proches d'Ashdod où nous devons embarquer dans une semaine pour l'Italie. Nous choisissons donc un endroit situé entre les 2 villes, Palmachim où nous bivouaquons sur une plage au bord de la Méditerranée. 

Palmachim Beach

Alors que nous avons profité toute la journée du lendemain de la plage et de la mer, nous apprenons qu'à cause de l'épidémie de coronavirus, non seulement, toutes les manifestations de Pourim sont annulées à Tel Aviv mais, et c'est beaucoup plus important pour nous, que notre bateau est, lui aussi, annulé. Nous ne pourrons pas embarquer dimanche. Tous les bateaux de la compagnie Grimaldi avec laquelle nous devions naviguer d'Ashdod à Salerno en Italie ne peuvent plus prendre de passagers ni de véhicules de particuliers et ce jusqu'en mai, à minima. Il nous faut donc trouver une autre solution. La première qui nous vient est de laisser le véhicule en Israël (nous disposons d'une autorisation des douanes de 3 mois) et de rentrer en France par avion. Il faut se décider rapidement car on ne sait pas comment évoluera la situation et les restrictions imposées aux voyageurs.

Départ d'Israël - Port d'Haïfa et aéroport Ben Gourion de Tel Aviv

Alors que nous naviguons sur Internet à la recherche d'informations, nous trouvons sur Facebook - Ovelanding Middle East (un groupe de voyageurs au Moyen-Orient) un post parlant d'un ferry de la compagnie Salamis partant d'Israël vers la Grèce. Dans la matinée du lendemain, nous contactons l'agent De Salamis en Israël, la société Rosenfeld. Nous tombons sur une employée qui nous dit qu'effectivement, un bateau part tous les jeudis d'Haïfa vers Lavrio en Grèce. Elle nous conseille de venir dès que possible à l'agence d'Haïfa pour réserver. A 10h, nous sommes sur place. Nous y retrouvons quelques voyageurs que nous avions déjà rencontrés ces derniers mois sur la route, des Allemands, des Autrichiens et un Suisse qui ont eu la même déconvenue que nous avec Grimaldi et qui se sont regroupés pour trouver une solution. Tous, nous embarquerons notre véhicule jeudi pour Lavrio et nous prendrons tous ensemble l'avion de Tel Aviv vers Athènes dans la foulée. Nous sommes mardi, il reste 2 jours et encore des incertitudes. Certains avions sont annulés et on a toujours peur que notre ferry ne parte pas. Jeudi matin arrive enfin. Tous les chauffeurs partent à 9h au port pour embarquer les véhicules tandis que les conjoints patientent à la gare de train. A midi, les conducteurs reviennent ; première étape terminée. Nous prenons tous ensemble un train pour Tel Aviv où chacun a réservé une chambre. Nous passons la nuit près de la gare de Hahagana dans un confortable appartement avant de prendre un autre train le lendemain matin pour l'aéroport Ben Gourion. Nous retrouvons sur place tous nos amis voyageurs et vers 11h, on embarque pour Athènes. Deuxième étape terminée.

Il nous reste maintenant une troisième et une quatrième étape à réussir : récupérer notre camping-car et faire la route vers la France. Notre voyage en Afrique et au Moyen-Orient se termine sur les chapeaux de roue, plein d'imprévues mais, nous sommes heureux de nous en sortir à si bon compte. Nous avons pu faire le voyage prévu et nous avons une solution pour rejoindre notre pays. Nous avons une pensée pour les autres voyageurs qui sont bloqués dans différents pays et pour ceux qui ne peuvent partir.





Israël

Brève traversée de ce petit pays qui nous a cependant permis de découvrir et d’apprécier toute la diversité des paysages, des sites historiques et de la population. Du littoral de la mer Rouge à celui de la Méditerranée en passant par les rives de la mer Morte, il n’y a que quelques dizaines de kilomètres durant lesquels on traverse des paysages aussi différents que ceux du désert du Neguev et ceux des hautes collines verdoyantes du centre.  Quant à la population, elle reflète la diversité des origines des communautés mais aussi celle des modes de vie des  laïques, religieux et ultra-orthodoxes.  



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