Botswana nord

14.07.2018 / 29.07.2018
Lorsque nous entrons au Botswana, ce sont les éléphants qui nous souhaitent la bienvenue; deux mastodontes accompagnés de leurs petits nous barrent la route. Nous sommes en bordure du parc national de Chobe et, ici, point de clôture qui sépare la route du parc comme il pouvait y en avoir le long des parcs en Namibie.

Bienvenue au Botswana !

Nous reverrons des éléphants un peu plus tard, à Kasane, le long de la rivière Chobe puis à proximité de la ville, non loin des files de camions attendant de franchir la frontière zambienne. Ils semblent se balader sans se soucier des allers et venues des automobilistes, comme les phacochères et les singes qui déambulent partout.
Kasane est une étape pour les touristes venus visiter le parc national de Chobe et notamment la partie appelée River Front, le long de la rivière Chobe. Nous n'y resterons que le temps d'un après-midi et d'une soirée; la ville ne présentant pas d'intérêt pour nous si ce n'est de pouvoir bivouaquer en sécurité sans risquer de faire une mauvaise rencontre avec un éléphant.

Avant de quitter Kasane, un impératif, faire le plein de gasoil. La prochaine station sur notre route se trouve à Maun, à 300 km à vol d'oiseau. Sachant que nous traverserons successivement Chobe River Front, Chobe Savute puis la réserve de Moremi en faisant de nombreux détours pour traquer les animaux, nous devons prévoir une autonomie pour faire au moins le double de kilomètres. Nous emmenons en plus 2 jerricans de 10l.

Les pistes de Chobe national park - River Front

Question conduite, dès l'entrée dans Chobe River Front on est au parfum; la descente qui mène à la rivière est très sablonneuse. Les traces sont profondes et nous font louvoyer. Jean a pris la précaution de dégonfler les pneus (1.7 bars devant et 2.3 derrière); précaution indispensable même si la garde au sol en prend un coup. Encore une fois, le véhicule se comporte merveilleusement bien.
Se repérer dans le parc n'est pas très facile, il y a des chemins dans tous les sens. Dans un premier temps, on loupe la piste longeant la rivière. Lorsqu'on la récupère, c'est pour apercevoir plusieurs hippos dont 2 très près de nous qui nous font le show pendant près d'1/2 heure, entrant et sortant de l'eau. Mais, le plus impressionnant, ce sont les troupeaux d'un millier de buffles qui traversent devant nous. 
Nous mettons presque la journée pour traverser le parc de Sidudu Gate à l'est vers Ngoma Gate à l'ouest. Il n'y a qu'une soixantaine de kilomètres mais, l'état des pistes et l'envie de contempler les animaux sans se presser nous imposent de rouler entre 10 et 20 km/h.

Chobe national park - River Front
Bien qu'aujourd'hui, nous sommes un peu pressés car nous devons trouver, avant 17h, un endroit équipé d'une TV pour regarder la finale de la Coupe du Monde de foot entre la France et la Croatie. Ce sera à Kachikau, dernier village avant d'entrer dans le parc national de Chobe, section Savute. On a de la chance car la route est asphaltée et en bon état et en plus, à la hauteur du village de Mabele, se trouve, contre toute attente, une station-service flambant neuve où nous pouvons faire le plein.

A Kachikau, nous demandons à des villageois où l'on peut regarder le match de foot; ils nous indiquent un bar-épicerie sous un abri. C'est là qu'entourés des hommes du village, nous assistons à la victoire de la France 4-2. Cela manque d'ambiance car pour les Botswanais il n'y a évidemment pas d'enjeu même si le match les intéresse et que fair-play, ils applaudissent les 2 équipes.
Nous dormons ensuite sur place.

Le lendemain, nous mettons le réveil à 6h; il faut qu'au lever du jour nous partions car une longue journée nous attend. Nous devons d'abord rejoindre l'entrée nord du parc national de Chobe, Ghoha Gate puis traverser le parc et en sortir pour bivouaquer car nous n'avons pu réserver de place de camping dans le parc; tout était complet.

Chobe national park

Pour résumer cette journée, on dira que pour Jean c'était concentration et résistance et pour moi, stress, stress et stress !
Cela commence par les 56km de piste que l'on doit parcourir pour arriver à l'entrée du parc. Depuis Kachikau, plus d'asphalte mais une mauvaise piste poussiéreuse. En plus, on fait le choix de ne pas prendre le chemin principal mais une piste qui nous semble en meilleur état. Ce n'est qu'une impression car elle est terrible, sablonneuse, défoncée, étroite, envahie d'arbres et sinueuse. Une horreur ! Des touristes nous ayant aperçus prendre la piste décident de nous suivre. Ce sera un calvaire pour eux aussi même si nous avons tous le sourire quand nous rejoignons enfin la "bonne" route et que nous nous apercevons de notre erreur.

Les pistes dans le parc ne sont guère meilleures. Comme, en plus, nous n'apercevons pas beaucoup d'animaux, nous décidons de prendre des petits chemins mais, toujours rien sinon des impasses et des pistes défoncées. Nous reprenons donc l'axe principal, Sand Ridge Road. Là encore, il n'y a pas grand-chose à voir. Sans se raisonner, on change donc de route et on rejoint Marsh Road, piste encore plus mauvaise que l'autre mais, où l'on aperçoit enfin des éléphants, des girafes, des gnous et autres antilopes et gazelles et même une jolie tortue léopard. Peu après la sortie, nous croisons 2 hyènes pas du tout effrayées par notre véhicule.
Aujourd'hui, nous avons déjà fait 176 km de pistes très éprouvantes, nous sommes vannés.  Nous faisons encore une dizaine de kilomètres en direction d'un village, Mababe, pour trouver un bivouac, en pleine forêt. 

Les pistes de Chobe national park - Savute

L'endroit, qui nous avait été conseillé par des voyageurs, est sympa, nous y passons une bonne nuit et décidons d'y rester la journée du lendemain. Sauf que le lendemain, débarque un pickup avec une dizaine de villageois agressifs nous demandant si nous avons passé la nuit sur place et nous réclamant 440 Pula (37€) en dédommagement. On essaye de discuter et de marchander, rien n'y fait, nous sommes face à des murs. Comprenant que nous n'arriverons à rien et avant que les esprits ne s'échauffent, nous décidons de partir sans rien payer. Entre les douaniers et les gardiens aux entrées des parcs pas très accueillants et les villageois de Mababe, on peut dire que les Botswanais ne montrent pas une bonne image de leur pays. Quelle différence avec les Namibiens ! 

Il est maintenant trop tard pour rentrer dans la Moremi Game Reserve car c'est déjà l'après-midi et là non plus, nous n'avons pas réservé de camping dans le parc. Nous avions fait une demande par email quelques semaines auparavant mais tous les campings étaient pleins. Nous sommes dans une impasse. 
On file quand même à Moremi en se disant qu'en route, on trouvera bien un camping; on en trouve un à une vingtaine de kilomètre avant l'entrée du parc mais, il ne nous plaît pas; nous le trouvons trop cher car éloigné du parc. On se dit que quitte à payer, autant que le camping soit proche du parc sauf que, proche du parc, il n'y a pas d'autres campings. Que faire ? On se présente à l'entrée du parc et on demande si, par hasard, il n'y aurait pas une place pour camper. Mais pourquoi, vous n'avez pas réservé ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? On répond sagement à toutes les questions et là, ils doivent avoir un peu pitié de nous car il nous propose un emplacement au Xakanaxa Camp Site dans le parc. Super ! Nous voilà donc pour 2 jours dans Moremi.
On fait tranquillement la route vers le camp dans l'après-midi et on s'y installe. On n'y est pas nombreux, la plupart des emplacements sont vides juste squattés par 2 éléphants. Il semble qu'il y ait une désorganisation totale dans la gestion des campings des parcs nationaux. On impose aux touristes de réserver leurs places de camping à Kasane ou Maun avant leur arrivée, ce qui les oblige à faire des kilomètres pour rien alors que les campings sont vides. La plupart des touristes visitent le Botswana en faisant appel à des tour-operators et n'ont pas nos problèmes mais il est quand même dommage que le voyageur indépendant ne soit pas d'avantage pris en considération.

Moremi Reserve

Le parc Moremi est beaucoup plus agréable à visiter que le parc Chobe, non pas que les pistes y soient meilleures, elles se valent mais c'est plus diversifié, il y a quelques passages de ponts, de gués. Traversant devant notre véhicule, nous voyons une centaine d'éléphants. Nous nous retouvons encerclés par une vingtaine de pachydermes. C'est assez flippant. Il y a aussi beaucoup d'hippos, de girafes, etc... Les animaux y sont en plus grand nombre qu'à Chobe. De plus, nous pouvons prendre notre temps puisque nous avons 2 jours pour parcourir 118 km. C'est plus relax.

Il reste que ces parcs sont surtout faits pour les amateurs de 4X4; ce que nous ne sommes pas. De plus, il n'est pas facile de s'y repérer tant il y a de pistes et d'impasses. Notre GPS, très précis, nous permet de faire des itinéraires en dehors des pistes principales et de ne pas nous perdre. Difficile de dire ce que nous ferions sans lui.

Moremi game reserve

Rollier à longs brins 
l'oiseau national


Encore une cinquantaine de kilomètres de pistes et nous retrouvons l'asphalte un peu avant Maun. Jean a entendu dire que "The Old Bridge" Backpacker servait de bons hamburgers dans son restaurant; nous y passons donc la soirée et nous y campons. Les hamburgers sont effectivement très bons.
Même si l'ambiance y est super sympa, le lendemain, nous changeons d'endroit pour aller au Sedia Hotel. C'est un peu plus tranquille et pratique pour nous. De plus, nous devons faire le plein d'eau avant de quitter Maun car nous allons voyager en autonomie pendant au moins 3 ou 4 jours et le Sedia dispose d'eau potable ce que n'a pas le "old Bridge".







Maun est une ville moyenne. Il y a la partie touristique bien sûr mais, aussi une vie économique assez importante. Nous y trouvons des magasins de bricolage afin d'acheter quelques accessoires, des supermarchés et une usine de remplissage de bouteilles de gaz où nous faisons remplir la nôtre.
Remplissage de gaz - Maun
Nids de poules entre Maun et Gweta




Nous nous dirigeons maintenant vers l'île de Lekhubu, dans la région des grands pans salés, à l'est du pays. Nous avons une centaines de kilomètres à faire par l'A8 (route asphaltée en bon état sauf sur 20 km où elle est pleine de nids de poules) avant de retrouver les pistes à Gweta. Nous dormons une première nuit près de cette route à 50 km de Gweta.

Piste de Gweta au Ntwetwe pan

Avant de rejoindre l'île de lekhubu, nous faisons quelques détours pour voir les vieux boababs Green et Chapman près du Mtwetwe pan. Si le premier est majestueux, le 2ème est au sol victime de son âge, du climat ou toute autre avarie. Nous dormons non loin, en pleine nature, surveillés par des troupeaux d'autruches. 

Bivouac au Ntwetwe Pan

Ce matin, contrairement à la veille, la piste est belle; nous roulons sur le pan asséché et recouvert d'une fine croute de sel. Elle est belle jusqu'à ce qu'on arrive à un endroit qui nous semble humide et boueux. En y regardant de plus près, on s'aperçoit qu'un 4X4 embourbé a été abandonné par son propriétaire et que 2 autres véhicules semblent eux aussi bloqués. Si des véhicules légers sont pris au piège du pan, il est évident que nous ne pourrons pas passer. Une seule solution, faire demi-tour jusqu'à Gweta. La piste, hier, n'était pas belle du tout, défoncée, étroite et bordée d'arbustes épineux qui ont terminé de rayer notre véhicule déjà bien abîmé dans Mahango en Namibie, avec des branches basses que nous avons dû quelquefois couper à la machette mais, aujourd'hui, c'est pire. En plus de la difficulté du terrain, nous avons du mal à nous orienter; il y a des pistes dans tous les sens et il nous semble que celle que l'on choisit n'est jamais la bonne. On galère. On demande notre route à un fermier qui habite une hutte au milieu de rien mais la route nous mène vers des habitations qu'il faut contourner; on a l'impression d'être pris à un piège. Piège dont se sort finalement mais que ce fut pénible. 

Joile piste...

Aie, aie, aie... véhicules embourbés

Maintenant que nous sommes revenus à notre point de départ, il faut trouver un autre chemin. Sur notre carte sont indiquées plusieurs autres pistes partant de la route A8 entre Gweta et Nata. Il suffit de prendre la bonne... En attendant, nous devons nous rendre à Nata car nous n'avons plus de carburant et la station de Gweta est en rupture de diesel. A la station-service de Nata, nous faisons également le plein d'eau pour plusieurs jours.

Sowa pan

Comme hier, comme ce matin, la bonne piste n'est pas facile à trouver. On prend la moins pire qui est du niveau des autres jusqu'à ce qu'on aperçoive, après plusieurs dizaines de kilomètres, une belle piste parallèle à la nôtre. On traverse un petit bois pour la rejoindre. La piste est large, bornée, un vrai plaisir. Nous faisons quelques kilomètres puis, la nuit tombant, nous nous arrêtons au bord de celle-ci.
Le lendemain, on repart par la même route qui, au bout d'un moment, s'arrête net. Comme on n'a pas envie de faire encore une fois demi-tour mais que nous devons quand même retrouver le chemin délaissé hier, nous traversons, sur 2.2 km, la plaine recouvertes de hautes herbes qui nous sépare de notre chemin. Nous n'en menons pas large car nous ne savons pas où nous allons, nous fiant seulement à notre GPS. On retrouve finalement la piste. On la suit jusqu'à ce qu'on atteigne une piste recouverte de sel; nous approchons de Lekhubu Island. 

Enfin sur la bonne piste pour Lekhubu island ?

Lekhubu island

Malgré les embuches, nous ne regrettons pas notre choix d'être venus à Lekhubu... jusqu'à ce qu'on nous annonce le tarif pour y passer la nuit : 450 pula (38€ - sans commodités mais ce n'est pas ce qui nous ennuie) ! Le tarif nous parait exhorbitant. C'est celui fixé par la communauté de Kubu pour les "internationaux" que nous sommes; il y a 3 tarifs, nous avons le plus cher. Tant pis, nous profiterons de l'île aujourd'hui et nous irons dormir près de la sortie du district de Kubu. 
L'île se trouve au milieu d'un pan asséché en cette saison; elle est recouverte de baobabs. On en fait le tour à pied. Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas dégourdi les jambes. En Afrique, on passe beaucoup de temps dans la voiture et très peu à faire de l'activité physique.
 
C'est en quittant l'île par la piste allant vers le sud que l'on s'aperçoit de notre erreur. Nous n'aurions jamais dû passer par le nord. La piste est vraiment en bon état et nous ramène, sans problème, vers une route importante, l'A30, route que nous aurions dû prendre depuis Maun si on avait su les difficultés qu'on allait rencontrées. 
 
Si la piste est bonne, on se dit que celle qui mène à une autre île du Sowa pan, Kukonje, et qui part de la même route A30 doit être aussi bien et l'on décide donc d'y aller aussi. La route est encore meilleure; c'est une belle piste très large pendant 44 km. Ensuite, on roule sur une piste recouverte de sel sur 6 km. Cette île n'est accessible qu'en hiver, sinon, la route les derniers 6 km sont recouverts d'eau. 
Les îles de Lekhubu et Kukonje ne sont donc des îles qu'à la saison des pluies. Kukonje ressemble un peu plus à une île car il n'y a rien autour sur plusieurs kilomètres. On s'y sent plus isolés. Depuis 10 jours, nous sommes seulement les 3èmes touristes à y être venus alors qu'à Lekhubu, il y avait 4 ou 5 véhicules hier. Nous y restons la nuit (le prix y est raisonnable...). 
 
Kukonje island

Coucher de soleil à Kukonje island
 
Garage Isuzu - Francistown




Nous y serions bien restés un peu plus mais, depuis hier, la fenêtre du véhicule côté conducteur s'est déboitée et nous voulons la faire réparer au plus vite d'autant que nous ne sommes pas très loin d'une des plus grandes villes du Botswana, Francistown.
A 10h, on quitte l'île, à 13h30 on arrive à Francistown et à 16h on quitte la ville. Entre-temps, nous avons trouvé un garage Isuzu où les mécanos ont réussi à coller la pièce cassée car ils ne disposaient pas de pièces de rechange.
 
Comme le premier jour de notre arrivée au Botswana, sur la route qui nous ramène à Kasane, les éléphants, girafes, koudous et impalas nous accompagnent. Ce qui est extraordinaire au Botswana c'est qu'on dirait que les animaux sauvages sont les maîtres du pays et que les hommes s'en accommodent volontiers.
Notre séjour se termine au camping pour remettre en ordre le camping-car, faire un peu de lessive et retrouver Internet. Dans quelques jours, nous passerons la frontière zimbabwéenne.

Kwalape Safari Lodge - Kasane


Le nord du Botswana 

Le Botswana ne fut pas une partie facile; les pistes en mauvais état et mal indiquées ayant rendu nos déplacement longs et périlleux mais, ce fut une vraie aventure et en cela nous l'avons apprécié. Le pays est très bien organisé pour accueillir les touristes dans le cadre de visites organisées et guidées mais pas pour les "self-drivers" que nous sommes. C'est un fait et il faut l'accepter.
Quant à notre jugement sur les Botswanais que nous n'avions pas trouvés très sympas au début du voyage, nous l'avons revu. Les Botswanais sont discrets et assez timides mais nous avons finalement pu avoir de bons contacts.


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